Ce fut un moment de grande émotion que celui où El Watan recevait, il y a près d’une année, dans ses locaux, l’immense moudjahida Djamila Bouhired. Vêtue d’un simple k-way bleu marine, elle était pleine de grâce et ses traits lumineux ne lui donnaient guère son âge (74 ans). Un véritable mythe vivant traversant les couloirs lugubres de la maison de la presse en toute simplicité. En militante inusable, elle faisait campagne pour la Palestine en pleine guerre barbare contre Ghaza et nous étions nombreux à l’entourer, éblouis par son charisme, son courage et son tempérament de battante infatigable, ne réalisant pas que l’icône de la Révolution algérienne en chair et en légende était là, parmi nous. Nous lui avons exprimé notre désir de la revoir, de l’écouter, de boire ses paroles. Elle eut ces mots qui disent toute sa générosité et sa noblesse : « Vous êtes tous mes enfants et je me ferai un plaisir de vous inviter chez moi. Seulement, je vous préviens : je n’ai qu’une petite maison, je ne me suis pas servie comme beaucoup l’ont fait. Mais je serais heureuse de vous convier à une ’batata fliou’ à l’algéroise. »