Expatriés, préparez vos jarres pour les remplir de peine – son enfant a été échangé contre un chien – et de joie, la mère de l’enfant, même un peu têtue, est plus qu’adorable. C’est une fée.

Hocine Ait Ahmed (se) fondra avec sa terre

Sur les chemins de terre viendront les preux, des routes plombées par le goudron des cœurs s’amèneront des gueux;  le ciel sourira, fera aussi la moue.  
Les percnoptères diront : « Tu t’éloigneras de nos chemins, tu n’entendras jamais un hymne national bilingue. Nos chiens et nos sangliers effaceront  ta mémoire. Nos desseins seront atteints. Nous vendrons ta patrie, ta tombe avec.».

Revenir du paradis, Maatkas, par le même trajet du diable est une souffrance évitable. Rouler sur l’autoroute, ce terrifiant choc d’offre ordonné par les mercenaires de la Banque mondiale et le Fond monétaire international comme Emmanuel Noubissie Ngankam et adoubé par des intégristes économiques comme Raouf Bouccekine, Rafik Bouklia Hassan ou Alexandre Kateb est dur. Ces derniers sont nommés pour éviter aux mercenaires de s’exposer dans les médias et combler les stupidités des ministres qui ne comprennent même pas ce qu’ils disent.  Les plus dangereux d’entre eux sont Mohamed Laksaci, le gouverneur, Abderrahmane Benkhalfa, le ministre des Finances et le chef de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia.

Sur la route d’Azazga vers Vujlil par le col de Chellata

Azazga, Iaâzouguen de cet homme devenu fou, d’après des informations non conformées, qui perd la vue après avoir perdu son ange Meriem qui se serait suicidée, est une épreuve à vivre comme les amours de Lwenes Matoub ou celle née d’une jarre.

Malgré ce contournement autoroutier, la circulation est aussi dense qu’il y a dix ans, signe qu’un argent pour ouistitis coule à flots.

Dans cette Kabylie de l’enfer et du paradis, il est possible de bousculer le monétarisme de M. Friedman qui s’est fait lui-même hara-kiri. Dans cette Algérie, il y a plus de travail que de monnaie. La monnaie qui y circule est répartie pour satisfaire certains et ceux qui taperont sur les autres.  Si tout le travail disponible est exécuté, moins de monnaie avec plus de valeur sera échangé. Les  criminels font pour que l’emploi soit faible et ainsi la transférer aux étrangers.

Tavouda, Ichalladhen et la vallée de la Soummam

Le soleil allait lentement vers l’ouest, vers Tadoussac au Canada. Plein les yeux.  Par habitude de ce trajet, la voiture montait sagement. Ni le pare-soleil, ni la main en visière ni les lunettes ne pouvaient adoucir le feu de lumière rouge de ce décembre 2015.

Le téléphone sonne. C’est Boukhalfa, un homme en or, qui voulait prendre des nouvelles.

À Vgayeth : son enfant contre un chien !

Avec Khaled, dans un bus enchanté par Lwenes Matoub, direction Vgayeth pour dire qu’El-Mahdi Acherchour a échangé Mansour contre une vache. En après-midi, c’est au tour de son enfant de l’être contre un chien! Par ce beau matin, c’est Saliha Iggui Smail, la doctorante dans le lexique de la botanique amazighe à Paris qui lance dans un sourire radieux un  « Théorie de la jarre ». Et tout est devenu facile.

Quand la littérature, comme celle d’Acherchour, est une science dure, la transposer à la mathématique économique est un jeu d’enfants, un jeu choquant; exécuté à l’américaine et non à la française, avec humilité et amour, il devient miel. Liès et Lahcène penseront peut-être autrement. Quand la présentation, en présence de la chaîne de Tadoussac, ce paradis situé à Maatkas, de son esprit, de son charme est faite pour mettre un Algérien là où il doit être, expliquer le « EREER », the Equilibrium Real Effective Exchange Rate et montrer les ravages de la francophonie, elle devient un plaisir. Échanger Mansour contre une vache, échanger son enfant qui naitra dans l’au-delà pour qui chantera Lwenes est cruel mais ce n’est pas  un crime comme ce taux de change appliqué à la patrie et défini par les autres, les mercenaires alors que la solution qu’elle, cette petite perle de Kabylie est une monnaie ancrée sur l’air et la terre incarne, existe.  

L’orateur a été généreusement payé. Il a embrassé Meriem Akroun, une tétraplégique  aphone qui écrit.

L’autoroute de Vujlil, la destructrice de l’identité et de la socialité.

À Paris, se tenait la COP 21. À Vujlil, les Chinois, violaient l’identité et la socialité de la région avec la monnaie la plus toxique de la planète, le dollar US, pas avec celle pour ouistitis. De la RN 5 au lieu-dit Passala à Vgayeth, ses terres agricoles sont déchirées.  Adieu les familles qui s’échangeaient les usages, production agricole, culture et amours.

Cette « autoroute » va déverser toutes ses saletés sur la Soummam. Comme si Haute-Kabylie et Basse-Kabylie ne suffisaient pas pour la ségrégation, elle va créer Basse-Kabylie rive gauche et droite. Et vogue la galère de la socialité.

Le doublement de la voie ferrée est aussi lancé. Pour réaliser cette voie du diable – cet autre choc d’offre, l’État dans son immense stupidité et simplisme a dédommagé les terriens : un lopin et une maison estimés à deux milliards de centimes ont été récompensés par plus de cinq milliards. Du coup, les habitants victimes consentantes et heureuses sont devenus riches, elles qui vivent sous l’urgence d’être riches, insoucieuses de la valeur future de leur argent et terre.  

Si le garçon qui a une Tounes Hafi à Tasta Guilef rate la sortie de cet asphalte, il risque de passer à coté de sa vie; le paysan qui se nourrit et nourrit les autres de ses potagers risquent de mourir d’ennui et de se mordre les doigts.

Pour ces crétins de l’économisme, Séoul en Corée du Sud, Curitiba au Brésil ou le fleuve plurinational Niger sont des exemples. En faire de la rivière Soumam, une œuvre éternelle comme ses hommes et femmes, est possible.  Faut-il des enfants comme Lyes ? Vujlil en a un.

La COP 21, Vujlil et son enfant, Lyès.

Vujlil est un paradis, un peu plus que Maatkas. Rien que du bonheur, rien que de la joie insufflés par une perle. Il lui fallait un quelque chose de complexe.
À Paris, François Hollande est président délégué par l’OTAN d’une partie de l’Afrique, Algérie comprise. Paris a abrité la Conference Of The Parties (COP 21). Il fallait accrocher Vujlil et le propulser dans la mondialisation pour qu’il ne la prenne pas dans la gueule.  Il fallait en parler un peu.  Dans un garage.
Lyès, douze ans …

Fils de son père Larbi Aoudjit, il tenait à assister. Autour de cafés et d’un jus pour lui, dans un bilinguisme simple, naturel, en kabyle et arabe, il a exprimé sa pensée. Il a rassuré sur le niveau.  C’est lui qui a introduit la présentation qui a pris comme exemple Mexico, Kiribati et Rabat. La peu nombreuse assistance  croyait que le présentateur blaguait quand il utilisait des exemples, des cas concrets simples issus du local à la manière anglo-saxonne. Il parlait en kabyle, arabe, français et anglais. Dans la seconde partie, l’assistance a vu qu’elle a parlé comme dans les cours de l’Université de Montréal.

Dix jours en Kabylie, dix jours pleins de bonheur. Grâce à un amour, à des amours, à thayri.

Cherif Aissat

Pour TMT et Mahdi.  Textes écrits durant le deuil qui frappe une patrie pour laquelle Hocine Ait Ahmed a donné sa vie tellement il aimait.

28/12/2015