A quelle lecture des élections législatives se fier ? Tout dépend de quel côté de l’écran vous vous situez. Alors que sur le web, les sites d’information accusent ouvertement le système de fraude, les quotidiens papier (à l’exception d’El Watan et d’El Khabar) voient dans le résultat du scrutin une "leçon donnée aux étrangers" et à "leur position ambiguë sur l’Algérie".

"Bled Mickey". Le pays de Mickey. C’est une expression très algérienne que le journal internet El Festi, qui se présente comme "satyrique et populaire", a repris pour qualifier l’Algérie au lendemain des élections législatives. Sur le net, les sites (dont la création n'est pas soumise à agrément) ont proposé une toute autre lecture du scrutin de jeudi que la presse quotidienne papier.

A l’exception d’El Watan qui titrait hier "Revoilà la fraude" et d’El Khabar (quotidien arabophone), les autres journaux se sont montrés globalement satisfaits des résultats. "Les électeurs ont eu un réflexe de survie et ont surtout cherché de l'assurance. Le FLN est le parti qui leur offre ces garanties", pouvait-on lire dans L’Expression. La Tribune lui faisait écho, se félicitant que "les électeurs algériens qui ont exprimé leur volonté à travers les urnes" aient "opté pour la stabilité et la continuité".

La plupart des quotidiens voient surtout dans le vote une réponse au "complot", à cette "main de l’étranger", chère au Premier ministre Ahmed Ouyahia. L’Expression s’en prend ainsi aux "médias publics français qui ont repris les hostilités contre notre pays". Et de citer l’AFP et France 24, accusés de "répandre l'intox". La Tribune, de concert, souligne que "les résultats des urnes ont démenti les pronostics fantaisistes de certains "observateurs" étrangers dont les analyses se sont déjà révélées farfelues, aussi bien sur la contagion dudit "printemps arabe" que sur la déferlante islamiste qui a touché la Tunisie, le Maroc et l’Egypte."

Il faut chercher chez les éditorialistes réputés les plus acerbes envers le pouvoir une note discordante. Exemple : après s’en être pris samedi à "la puissance sourde de la gérontocratie et de l’empire des vieux, des morts, des martyrs et de leurs fidèles descendants", Kamel Daoud, dans Le Quotidien d’Oran, s’est attaqué dimanche au président. "Belkhadem se voit déjà Président de la république dans deux ans. C’est ce qu’a promis Bouteflika : donner le pouvoir aux plus jeunes. C’est-à-dire ceux qui ont moins de 78 ans et qui ont près de 70 ans."

 

En ligne, où le ton est forcément plus libre, l’essentiel des commentaires dénonce dans le même sens une "mascarade", comme sur Le Quotidien d’Algérie ou Kalima DZ. "Finalement, comme à son habitude, le régime a roulé dans la farine tous ceux qui l’ont suivi, leur octroyant un rôle de figurant, dans un scénario écrit sans eux", écrit ainsi Yahia Bounouar. "Encore une fois, le pouvoir algérien met le peuple devant le fait accompli, ou il se soumet à la dictature, ou il n’aura d’autres choix que de subir la foudre de la répression s’il venait à se rebeller", insiste Le Matin.

Autre sujet de railleries : Daho Ould Kablia. "L’impayable ministre de l’Intérieur", comme le qualifie DNA qui commente sa sortie en conférence de presse selon laquelle, si les Algériens du sud ont plus voté que ceux du nord, c’est en raison de leur "patriotisme", alors que les seconds ont  "profité des trois jours de congé pour aller à la plage". Ou pour qui "Il n'y a pas d'Algériens civils. Il n'y a pas d'Algériens militaires. Il n'y a que des Algériens." Et le site de conclure : "L’ Algérie tient enfin son Monsieur Jourdain".

 

A voir aussi

Le site Nahrag, regroupant des militants du Réseau de défense des libertés et de la dignité, a lancé une application pour signaler les dépassements lors des législatives.


Source Blog du Figaro.fr