Avec la forte communauté algérienne qui s’est installée au Canada ces dernières décennies et le niveau élevé du soccer féminin dans ce pays, c’est sans surprise que la Fédération algérienne a porté son attention sur le lointain Canada pour renforcer l’équipe nationale féminine.
Actuellement, deux joueuses de la sélection dirigée par Azzedine Chih sont issues de la communauté algérienne du Québec : Assia Sidhoum et Imane Chebel. A quelques jours du match clé contre l’Éthiopie, le jeudi 6 juin au stade du 5 Juillet, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2018, La Gazette du Fennec a pris contact avec Assia Sidhoum pour en savoir plus sur son parcours, ses objectifs et sa vie au sein de la sélection nationale féminine.
Bonjour Assia, pour commencer peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous résumer ton parcours footballistique ?
Bonjour, je m’appelle Assia Sidhoum, j’ai 21 ans et je suis né à Tunis. En ce moment, je joue au CS Monteuil en semi-professionnel à Montréal. Pour mon parcours footballistique, j’ai fais toutes les équipes provinciales ici à Montréal et par la suite je suis allé aux États-Unis où j’ai fait une année en prep school puis deux ans en première division NCAA.
Vous êtes surement la première ou l’une des premières joueuses algériennes formées au Canada et convoquées en équipe nationale d’Algérie. Comment est-ce que les contacts ont été établis entre vous et la FAF ?
Effectivement, je suis la première joueuse du Canada à rejoindre l’équipe nationale. Suite à mon départ aux États-Unis plusieurs médias algériens ont commencé à parler de moi, donc le contact avec le staff technique national a été établi depuis deux ans et j’ai reçu un appel de l’entraineur et une convocation en février dernier.
Le Canada est renommé pour son équipe féminine, qui est l’une des meilleures au monde, mais vous avez décidé de jouer pour l’Algérie. Pourquoi ce choix ?
Pour moi ce n’était jamais vraiment un choix. Depuis que je suis parti aux États-Unis, cela fait donc trois ans, j’avais comme seul objectif de rejoindre l’équipe algérienne. J’ai travaillé fort et maintenant que j’y suis, je suis contente qu’on m’ait donné ma chance et j’en suis très fière.
Vous avez rejoint une équipe qui joue ensemble depuis des années avec des joueuses comme Naima Bouhenni et Fatima Sekouane. Premièrement, comment s’est passé votre accueil de la part du staff et des joueuses ? Deuxièmement, cela vous fait quoi d’évoluer avec des joueuses qui ont une telle expérience ?
Les filles m’ont réservé un excellent accueil en février et ont tout fait pour que je m’intègre rapidement au groupe. Le fait d’avoir à mes cotés des joueuses avec une si riche expérience m’a permis d’abord de m’adapter rapidement à la réalité de football africain mais aussi grâce à leur conseil j’ai pu rapidement trouver mes repères. J’apprends beaucoup en côtoyant des joueuses qui ont fait quatre Coupe d’Afrique.
« Le Sénégal, c’était vraiment un combat physique en premier lieu ! »
Vous avez largement contribué dans la qualification contre le Sénégal en jouant les 90 minutes dans les deux rencontres, parlez-nous un peu de cette confrontation.
On a eu à faire à un groupe sénégalais coriace et avec plusieurs matchs amicaux dans les jambes. Nous avons tout donné, par contre, pour arracher cette qualification, on est vraiment allé la chercher. C’était un combat physique en premier lieu. Pour moi, c’était ma première convocation et vraiment les filles ont tout fait pour que je me sente à l’aise rapidement sur le terrain. C’est sûr que c’était une bonne première fois et cela me donne encore plus envie pour les prochains matchs.
En général, il n’y a pas un énorme intérêt pour le football féminin en Algérie, comment vous percevez ce manque de soutien vous et vos coéquipières ?
C’est vrai que ce n’est pas le même engouement pour les hommes. Nous aurions peut-être aimé voir plus de monde au stade et un peu plus de publicité autour du match et l’équipe féminine mais quand même, je crois que çà avance, les choses s’améliorent. Il y avait quand même beaucoup de gens au stade (ndlr : contre le Sénégal), on a reçu beaucoup de support sur les réseaux sociaux et ressenti beaucoup d’engouement par rapport à la qualification. Je crois que l’intérêt va venir avec les résultats, donc je suis confiante que tout va dans le bon sens.
Au prochain tour vous allez affronter l’Éthiopie, quelles sont vos attentes ?
L’Éthiopie c’est une équipe que l’Algérie a déjà battu (NDLR : il y a 2 ans lors du 1er Tour des Éliminatoires pour la CAN 2016), donc c’est définitivement dans nos cordes. C’est sur que nous on vise une qualification à la CAN et nous avons le groupe et les moyens pour passer au prochain tour.
« Je souhaite m’inscrire dans la durée avec l’Algérie et jouer dans un club en Europe »
On parle souvent du manque de ressources disponibles pour le football féminin en Algérie, quelle a été votre expérience à ce niveau avec la fédération algérienne pour préparer cette équipe?
C’est quelque chose dont on entend souvent parler. Mais malgré tout moi je trouve qu’on est très bien encadré. On ne manque de rien. Tout le monde est vraiment là pour nous et pour répondre à tous nos besoins.
Quels sont tes objectifs pour le futur ?
D’abord m’inscrire dans la durée avec l’équipe nationale. Bon, déjà se qualifier à la Coupe d’Afrique et faire un bonne CAN et pourquoi pas aller en Coupe du Monde. En tout cas, moi j’y crois. Cette aventure me rappelle un peu le parcours de l’équipe masculine de 2010. Tout est parti d’une qualification contre le Sénégal aussi. Sur le plan strictement personnel, j’ai signé dans un club semi-pro, le niveau le plus élevé au Québec, le temps de voir la suite en septembre avec comme objectif d’évoluer au sein d’un club européen, dont les contacts sont déjà établis.
Merci Assia et bonne chance.
Merci !
Entretien réalisé par Walid Z au Canada, pour La Gazette du Fennec
http://lagazettedufennec.com/interviews/entretien-exclusif/assia-sidhoum-linteret-foot-feminin-viendra-resultats/