Mi-février. Le vendredi 13 est passé sans la moindre turbulence. L’hiver commence à montrer des signes de lassitude. Même le soleil a fait une apparition furtive. Il semble que rien n’est en mesure de mettre fin à ma quiétude ni froisser ma bonne humeur de citadin pris dans l’engrenage boulot-métro-dodo. En attendant les impôts.

Il y a des moments où l’on a la gueule de bois sans même avoir rompu un instant avec l’abstinence. C’est le cas de le dire après le simulacre d’intronisation avant l’heure d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’État algérien pour un troisième mandat.

Ayant vraiment tout fait pour éviter les sujets qui fâchent, et Dieu sait s'il y en a, conjoncture économique oblige, je déclare solennellement : mea culpa! Après des heures de gymnastique mentale, je me suis finalement avoué vaincu devant l'exercice auquel je me suis prêté. Il s'est révélé être au dessus de mes moyens.

Tout porte à croire que les temps bénis sont révolus. Dans notre hémisphère peu habitué aux remous, pour la première fois dans l’histoire récente les générations à venir auront plus de difficultés à subvenir à leurs besoins que celles qui les ont précédées. La crise actuelle est ce qu’elle est, nul ne peut dire combien de personnes perdront (encore) leurs emplois, voire même leurs gîtes. Personne n’est également en mesure de prophétiser que nous sommes à l’abri d’une explosion sociale.

"Quand les hommes vivront d'amour, il n'y aura plus de misère, et commenceront les beaux jours, mais nous, nous serons morts mon frère1".  Ces paroles célèbres sont issues de la chanson québécoise de Raymond Lévesque, qui écrivit cette œuvre en s'inspirant des malheurs causés par la guerre d'Algérie. Elle fut un succès populaire et peu de gens se doutent en écoutant cette mélodie qu'elle y fait allusion. Au Québec, lorsque Raymond Lévesque y retourne en 1958, la population s'intéresse d'avantage à ce conflit de décolonisation et la chanson revêt souvent une autre signification qu'en France ou de par le monde. Encore aujourd'hui certains Québécois se souviennent, à l'image de Denis Chouinard2, de l'inspiration et de la signification de ces paroles.

Ces jours-ci, je suis tout ému. Pour vous dire, j’ai les larmes aux yeux, ce qui ne m’empêche pas pour autant de regarder les nouvelles à la télé. Et celles-ci sont tragiques. Surtout une : Les journalistes du Journal de Montréal sont en lock-out.