Tout porte à croire que les temps bénis sont révolus. Dans notre hémisphère peu habitué aux remous, pour la première fois dans l’histoire récente les générations à venir auront plus de difficultés à subvenir à leurs besoins que celles qui les ont précédées. La crise actuelle est ce qu’elle est, nul ne peut dire combien de personnes perdront (encore) leurs emplois, voire même leurs gîtes. Personne n’est également en mesure de prophétiser que nous sommes à l’abri d’une explosion sociale.

 

Les grandes manifestations qui ont secoué la France la semaine passée sont déjà brandies comme un avertissement, notamment par les puissants syndicats de ce pays. Plus de 40 ans après un mémorable Mai 1968. La protesta risque de faire tâche d’huile, surtout que les mises à pied se succèdent à un rythme effréné, y compris chez nous. La dernière en date : Le constructeur Bell Helicopter vient de « libérer » quelques centaines d’ouvriers.

Alors que le marasme s’est installé un peu partout, la crème de ce Monde réunie à Davos s’est séparée dans une ambiance bon enfant. Oubliée l’altercation contrôlée entre le premier ministre turc Recep Erdogan et le président israélien Shimon Pères. La bonne humeur n’a pas changé d’un iota. Toujours les mêmes, toujours aussi radieux…

Une question me vient à l’esprit : Comment ceux qui ont poussé des milliers de personnes à une paupérisation certaine et transformé leurs semblables de membres de la classe moyenne en glaneurs peuvent-ils demander un énième mandat pour gérer nos affaires? Ainsi, on va faire confiance à ceux-là mêmes qui ont dilapidé sans compter les économies de moins nantis qu’eux. Les mêmes dirigeants et autres experts qui, hier encore, encensaient pour leurs fulgurante réussite économique les gouvernements d’Islande et de Lettonie, deux pays aujourd’hui déclarés en faillite, aspirent parler en notre nom. Sans aucune gêne.

Force est cependant de constater que les voix dissonantes qui ont prôné un frein à la recherche d’une croissance à outrance, basée sur des indicatifs financiers, n’ont pas été prises en compte. Le moment est venu pour que nos décideurs ouvrent leurs yeux et, surtout, leurs oreilles pour écouter un autre son de cloche. Peut-être que le message qu’on entend habituellement à Porto Alegre, le berceau du mouvement altermondialiste, n’est pas aussi farfelu que cela…Peut-être qu’un modèle de développement soutenable qui ne compromettrait pas l’avenir des générations futures est possible…

Auparavant, il faudrait cesser de voir les auteurs de ces nouvelles orientations comme des pestiférés. Une chose est sure : les grands de ce Monde ne peuvent plus faire cavalier seul. Ceci n’est nullement l’opinion des seuls pourfendeurs de la mondialisation.

 

Arezki Sadat (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)