Traité de menteur par un policier parce qu'il est d'origine syrienne, un Montréalais recevra 18 000$ de la Ville de Montréal et de l'agent pour avoir été victime de profilage racial.


Le Tribunal des droits de la personne donne entièrement raison à Milad Rezko, qui a porté plainte pour la façon dont il a été traité lors d'une opération de routine qui a duré près d'une heure en 2007.

À ce moment, M. Rezko, qui habite à Montréal depuis une vingtaine d'années, était avec un partenaire d'affaires dans la voiture stationnée de ce dernier.

Le policier Dominique Chartrand, du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), leur a signifié qu'ils étaient garés dans une zone interdite et a indiqué à M. Rezko qu'il allait lui remettre un constat d'infraction parce qu'il ne portait pas sa ceinture de sécurité, même si le véhicule ne roulait pas.

«Les Arabes sont des menteurs»

Le policier lui a demandé ses cartes d'identité, mais M. Rezko ne les avait pas avec lui. L'agent a alors exigé de connaitre son nom et sa date de naissance.

Puisqu'il ne maitrise pas totalement le français, M. Rezko s'est trompé en fournissant sa date de naissance. Le policier l'a soupçonné de mentir et lui a demandé à nouveau ses papiers.

«Je m'en crisse de ton bouddhisme, de ton catholique [sic]. Tous les Arabes sont des menteurs», aurait alors dit l'agent Chartrand.

Ces propos et l'insistance du policier ont poussé la juge Michèle Pauzé a statuer que cela démontre l'existence de préjugés racistes chez l'agent Chartrand.

Une première

La Commission des droits de la personne s'est réjouie de cette décision, soulignant qu'il s'agit de la première fois que le Tribunal des droits de la personne entend les représentations complètes des parties dans un dossier de profilage racial.

Une réaction que partage aussi Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).

«Ça va créer un précédent, a-t-il indiqué. On espère que ça va ouvrir une porte pour les prochaines causes.»
M. Niemi a souligné que de plus en plus de personnes originaires du Moyen-Orient portent plainte au CRARR, mais que dans la plupart des cas, elles ne vont pas jusqu'au bout des démarches.

«Dans ce cas, on parle de 18 000 $, alors peut-être que ça va inciter les gens à être patients», a-t-il dit.
Le SPVM n'a pas voulu réagir. Il pourrait éventuellement porter la cause en appel.

Source: TVA Nouvelles