Entamée lundi dernier, la grève du personnel navigant commercial (PNC) de la compagnie publique Air Algérie continuait hier de perturber le trafic aérien. A l’aéroport international d’Alger, la majorité des vols étaient annulés.

Seuls 35 vols sur les 150 programmés par la compagnie ont pu décoller, selon l’APS.
Au milieu d’une pagaille sans pareille, l’enregistrement se faisait au compte-gouttes. Laissés sur le carreau sans aucune réelle prise en charge, des centaines de  voyageurs n’en peuvent plus d’attendre un hypothétique vol. Déjà vive, la tension est montée d’un cran. «On demande un responsable !», scandaient des passagères en tapant sur la porte fermée d’un guichet de la compagnie. Un flic déboule, leur enjoignant de se tenir tranquilles. Il est vite rabroué.

A son tour, une employée d’Air Algérie tente de les rassurer, en vain, avant de tourner les talons, les abandonnant à leur détresse.
Ces passagers devaient embarquer mardi soir à destination d’Istanbul, en Turquie, mais leur vol a été annulé. «On nous a assurés qu’un vol serait prévu ce matin (hier, ndlr). C’était du pipeau finalement. On nous a priés d’attendre. C’est ce que nous faisons depuis de longues et harassantes heures. Nous en avons assez. Nous sommes extenués ! Un bébé handicapé souffre beaucoup de cette situation intenable», s’énerve une femme, la quarantaine.

Et un autre passager de crier : «Les responsables nous ont abandonnés, c’est inhumain !»

Abderahim est Egyptien. Prévu à 9h à destination du Caire, son vol de la compagnie Air Algérie était également annulé. «Je suis venu d’Oran très tôt le matin pour rallier la capitale. Je ne savais rien de la grève. Ce n’est qu’ici que j’ai appris la nouvelle. Je suis abattu. Il est 14h et je ne vois rien venir. Si je ne pars pas d’ici ce soir, je risque de rater un important rendez-vous médical prévu pour jeudi», se désole Abderahim. Il dénonce l’absence de prise en charge et le manque «flagrant» d’information. «Il n’y a pas de responsable à qui je puisse expliquer mon cas d’urgence», s’attriste-t-il. Comme lui, son ami de fortune palestinien n’est pas au bout de ses peines, puisque le vol à destination de la capitale égyptienne a été annulé. «Il faut que je rallie au plus vite Le Caire pour rejoindre ensuite Ghaza. A défaut, je risque d’être bloqué là-bas, car les Israéliens fermeront le passage de Rafah vendredi. Mais avec cette grève, je n’ai aucune chance d’y arriver à temps», se lamente Abdeldjalil.

Allongé sur son chariot, Salah se tient devant une longue file. Des dizaines de passagers à destination du Canada font le pied de grue. «La compagnie a décidé d’embarquer les passagers dont le vol a été annulé mardi, mais ceux qui ont un vol pour mercredi veulent également partir. Cela a créé des tensions», affirme-t-il. Pour les passagers bloqués, les récits se suivent et se ressemblent : détresse, supplice, abandon, colère… Et rien ne présage que le martyre de ces naufragés du ciel se terminera de sitôt ! D’autant plus que les négociations entre les grévistes et la direction de la compagnie «sont au point mort», selon le syndicat du PNC.

Source: El Watan