«Un sot ne dit pas de choses intelligentes, mais un homme intelligent dit beaucoup de bêtises.»
Garabet Ibraileanu, Extrait d’En Regardant la vie

Alors qu’on évoquait l’absence de programmes de divertissement sur l’Entv, on vient d’apprendre de sources sûres au niveau de la télévision que le DG de l’Entv, Abdelkader Leulmi, vient d’arrêter l’émission populaire El Fhama et cela après plus de 7 ans de présence sur le petit écran de l’Unique. La direction de la télévision a notifié l’arrêt de diffusion de cette émission loufoque par courrier. C’est au directeur de la programmation à l’Entv qu’est revenue la délicate mission d’annoncer la mauvaise nouvelle à Mohamed Sahraoui, le patron de Badivision. A quoi obéit l’arrêt de cette émission après tant d’années et qui a su fidéliser les téléspectateurs? Le concept d’El Fhama était au départ une émission comique, burlesque réalisée par une mise en scène simple, des moyens modestes basée sur le reportage et l’incrustation et avec des comédiens amateurs et anonymes (Seul Hakim Guemroud a fait du théâtre et est diplômé de l’École supérieure de la Banque). L’émission reprenait des situations de la vie quotidienne algérienne avec un ton loufoque, voire comique. Certains épisodes de cette émission étaient saupoudrés de messages forts et touchaient surtout des sujets sensibles comme le chômage, la crise de logement, la violence, la délinquance, la drogue, l’ignorance et même la bureaucratie. El Fhama qui signifie intelligence, diffusait aussi des télé-trottoirs de la vox populi très intéressants sur des sujets variés comme le mensonge, la peur, la franchise ou encore l’infidélité. Mais l’une des forces de cette émission est surtout ses reprises de chansons du répertoire algérien ponctuées par des danses et des costumes très originaux. L’émission qui dérogeait aux règles élémentaires de la mise en scène et de la comédie à la télévision, avait été acceptée par l’ancien DG de l’Entv, Hamraoui Habib Chawki. En l’espace de trois ans, El Fhama explose et gagne en audience. Elle était devenue le symbole de la liberté de ton et d’expression à la télévision. C’était une sorte des Guignols de l’info de l’Entv. Le réalisateur connu sous le pseudonyme de Bady, commençait à devenir un producteur important, et chaque année, une nouveauté et des personnages apparaissaient dans l’émission. Il a démarré l’émission avec quatre personnages, il est passé à la fin, à dix, dont certains on gagné des galons sur la scène humoristique et font même des sketchs dans des hôtels 5 étoiles. Un des membres est même devenu député grâce à la popularité acquise dans El Fhama. El Fhama a même servi de succes story dans l’émission Les télés du monde (spécial Algérie) produite par Point Virgule et diffusée sur Arte. Mais depuis ces deux dernières années, la confirmation de l’émission El Fhama dans la grille annuelle, a été acquise difficilement, même du temps de HHC. Ce dernier a même arrêté une émission Hal Oua Ahouel produite par Bady durant le Ramadhan 2008, justement pour mauvais rendement thématique. La fin d’El Fhama serait-elle un message à tous les producteurs qui font des produits médiocres ou faciles et qui ont réussi à fausser le contrôle technique de l’Entv et faire partie du gotha des producteurs audiovisuels? Bady a compris le message et n’a pas souhaité polémiquer. Il s’affirme aujourd’hui comme un réalisateur de talent, qui a besoin de régler ses machines pour s’adapter à une nouvelle réalité audiovisuelle. Il a déjà commencé puisqu’il produit une émission sur la chaîne coranique.

http://www.lexpressiondz.com/chron/2010-01-13/3/2996.html