L’Algérie refuse de confiner sa coopération avec les Etats-Unis au seul chapitre de la lutte contre le terrorisme, elle préfère au contraire l’étendre à d’autres domaines. C’est ce qu’a fait savoir avant-hier le président du comité de renseignements (The House Intelligence Committee) en évoquant sa visite en janvier dernier à Alger.

Dans un discours prononcé à l’occasion de la présentation d’un rapport sur la lutte contre le terrorisme devant des membres de l’Institut conservateur «Enterprise», un comité de réflexion, créé par le Sénat américain, Peter Hoekestra exhorte l’administration à revoir sa stratégie avec les pays, dont l’Algérie, considérés comme partenaires dans cette lutte.

Il préconise une démarche parallèle qui vient en appoint avec la lutte contre le terrorisme, notamment le réseau El-Qaïda. «Nous devons admettre que la guerre contre le terrorisme ne peut pas être gagnée uniquement par les moyens militaires», a affirmé Peter Hoekstra qui est également président de la commission permanente à la Chambre des représentants au Congrès américain.

«Nous avons besoin d’une stratégie parallèle qui ne se limite pas aux aspects sécuritaires et à l’échange des renseignements entre les Etats mais qui implique de nombreux autres domaines tournés vers le développement», a-t-il expliqué.

Le responsable américain, qui se veut critique à l’égard de la politique de l’administration du président George W. Bush contre le terrorisme, a souligné que de nombreux pays réprouvent la stratégie actuelle des Etats-Unis ou l’acceptent à demi-mot.

Il a cité, en ce sens, la position des responsables algériens qui lui ont signifié, a-t-il dit, qu’une coopération exclusivement dédiée à la lutte contre le terrorisme n’était pas le type de partenariat que l’Algérie souhaite établir avec Washington.

«Les responsables algériens ainsi que les dirigeants de la classe politique ont tous été unanimes à souligner que l’Algérie souhaite développer des relations avec les Etats-Unis dans les secteurs économique, médical, énergétique et d’autres segments au-delà des questions militaires et de renseignements», a poursuivi M. Hoekstra lors de la présentation de son rapport qui remet en cause la politique américaine, cinq ans après les événements du 11 septembre 2001.

L’administration Bush considère l’Algérie comme un partenaire privilégié et stratégique dans la lutte contre le terrorisme, mais les responsables algériens, selon M. Hoekstra, ne veulent plus entendre parler de la lutte contre le terrorisme comme une unique voie sur laquelle doit être établie la coopération entre les Etats.

«Ils souhaitent autre chose qui puisse raffermir le développement de leur pays qu’ils jugent comme le meilleur moyen de faire reculer sinon réduire la menace terroriste», a-t-il encore ajouté devant ses pairs. Lors de sa visite de deux jours, en janvier dernier, en Algérie, à la tête d’une délégation de haut rang, officiellement dans le cadre «du volet parlementaire des consultations politiques entre l’Algérie et les Etats-Unis d’Amérique», M. Hoekstra s’était entretenu avec l’ex-chef de gouvernement Ahmed Ouyahia, le président de l’APN, Amar Saâdani, et le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui.

Le rapport de 28 pages du responsable américain, dont de larges extraits ont été consacrés à la vision algérienne sur le terrorisme, intervient alors que l’Algérie est entrée en pleine phase de réconciliation nationale, jugée par le président Abdelaziz Bouteflika comme un raccourci vers le développement économique du pays et, par conséquent, vers sa stabilité.

Source: http://www.jeune-independant.com/display.php?articleId=26317