L’affaire de Adel Tobichi vient de constituer un sérieux problème, voire une affaire de trop pour les autorités policières canadiennes. Le FBI a trouvé encore un autre sujet pour lancer ses critiques à son voisin canadien, l’accusant de ne pas conduire assez efficacement les enquêtes sur des postulants à l’immigration, surtout lorsqu’il s’agit d’éléments ayant eu un parcours terroriste en Europe.

C’est ce qui ressort des informations traitant du cas de Adel Tobichi, un citoyen détenteur d’un passeport algérien qui a obtenu sa résidence permanente au Canada en avril 2000. L’homme vient d’être arrêté récemment à Montréal par la section antiterroriste de la gendarmerie royale. La justice canadienne lui reproche une appartenance terroriste et une série d’activités d’arnaque et de fraude, accomplies essentiellement en Europe. L’arrestation de celui-ci aurait été dictée, en plus, par une demande d’extradition formulée par le gouvernement des Pays-Bas. Adel Tobichi qui a caché sa véritable identité s’appelle en réalité Amine Mezbar, né le 11 mars 1968, à Constantine. Il était connu en France sous le nom de Mathieu Miljadi Parasemita, 30 ans. Sa demande en vue d’obtenir un droit d’immigration au Québec (Canada) était faite à partir de Rotterdam (Hollande) sous le nom de Adel Tobichi né le 14 octobre 1967 à Alger. D’autres sources parlent de l’inexistence d’une demande d’immigration régulière, mais admettent qu’Amine Mezbar est arrivé avant 1999 en revendicateur de statut de réfugié à Montréal. Il aurait utilisé un passeport hollandais volé à un certain J.B.D Straebler, 37 ans, pour arriver au Québec, passeport qu’il n’a pas remis aux autorités de l’immigration. Après quelques jours passés comme touriste à Montréal, il engage un avocat et demande le statut de réfugié.

Et ce n’était d’ailleurs qu’un bref intermède pour Mezbar puisqu’il fut convoqué devant la commission d’audition où il déclara s’appeler Adel Tobichi. Questionné sur l’inexistence d’un document prouvant son identité, il avoua avoir peur d’être déporté et c’est pour cela qu’il avait décidé de détruire son passeport lors de la période vécue en visiteur. Mais il se présenta, malgré tout, en un respectable citoyen algérien ayant fui son pays car il aurait refusé de faire le service militaire (?!) et ce, pour ne pas tuer les «innocents». Durant toute la période de traitement de sa demande, Tobichi, qui en principe ne devait pas quitter le territoire jusqu’à finalisation de la procédure, aurait décidé de ne pas chômer . Il sort et entre au Canada comme bon lui semble. Muni d’un passeport français volé à un certain Parasemita né à Cayenne (en Guyane francaise), il voyage sur KLM pour aller à Amsterdam en Hollande. Là, il prend l’autobus pour regagner sa garnison à Rotterdam et où il tint son commerce de faux passeports. La police des Pays-Bas déclare que l’Algérien est tombé en amour avec une petite créature de 18 ans du nom de Faïza Benouna, originaire d’Utrecht (Pays-Bas) qui l’accompagne assez souvent. A Benouna, il fit visiter le Canada et autres pays comme l’Allemagne et le Danemark. Il engage d’ailleurs beaucoup de dépenses sur sa compagne et ce, en l’inondant continuellement de cadeaux et de joaillerie. En somme, Mezbar a voulu en réalité avoir la bénédiction du beau-frère de sa future épouse, un cheikh islamiste bien placé en Belgique. Il (Mezbar) entretenait de bons rapports avec ce beau-frère qui n’est autre que Abdellah Bouabdellah, l’imam controversé activant parfois à Bruxelles. Les documents judiciaires présentent ce monsieur en Yacoub Bouabdallah lequel fut cité dans plusieurs enquêtes le liant à un réseau terroriste en Grande-Bretagne, en France, notamment avec le groupe de Nizzar Trabelsi.

Mais le point d’orgue des preuves retenues contre Tobichi demeurent incontestablement son lien avec El takfir oua El Hijra et son chef Djamel Baghal, l’Algérien extradé des Emirats et incarcéré actuellement en France. Pour rappel, Baghal aurait déclaré à la police française avoir planifié pour lancer un attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris et Adel Tobichi aurait fourni des faux passeports nécessaires au groupe de Baghal pour lui faciliter son déplacement. La livraison se faisait par l’intermédiaire de deux acolytes avec lesquels Mezbar avait vécu à Rotterdam. Une enquête de la police neerlandaise a permis de lier Tobichi à deux cambriolages survenus aux Pays-Bas, en 1996 et 1997. Les empreintes digitales de Adel ont confirmé sa véritable identité de Amine Mazbar et ont conduit à une perquisition le 13 septembre 2001, dans son domicile de Rotterdam. Des cartes de crédit, des chèques, des cartes de téléphone et pas moins de 26 passeports australiens, belges et italiens ont été découverts. Lors de sa comparution devant le juge de la Cour de justice de Montréal, Mezbar n’a pas contesté son extradition vers la Hollande. Il voulait quitter au plus vite le Canada surtout lorsqu’il s’est aperçu que les griffes du FBI peuvent ressurgir à tout moment pour le réclamer. Certes, on n’est pas loin d’éventuels témoignages émanant de terroristes algériens incarcérés aux Etats-Unis. Et si par malheur cela arrive, Tobichi pourrait faire face à 100 ans de prison pour complot terroriste... Lui qui dit n’avoir aucun lien avec le terrorisme international. Il n’était qu’un «simple faussaire» qui lui arrive de rentrer avec un passeport national (Ndlr) en toute impunité, vendre sa marchandise de faux documents, en Algérie.

Source: http://www.lanouvellerepublique.com/lire/?idc=1&ida=1428&date=20020730