Deux morts. Quatre ans de suspension. Le Togo paie cher son retrait de l’actuelle Coupe d’Afrique des Nations qui se joue en Angola.
«Le comité exécutif (de la CAF) vient de suspendre le Togo pour deux Coupes d’Afrique des Nations», a annoncé, hier, Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football. «C’est une sanction réglementaire. Il y a eu une interférence gouvernementale, ce que nous ne pouvons pas accepter», a-t-il ajouté. Cette sanction fait suite au retrait de la sélection togolaise de la compétition à la demande de son gouvernement. Le retrait a été décidé après une fusillade qui avait provoqué la mort de deux membres de sa délégation lorsque des indépendantistes du Cabinda avaient mitraillé le bus de la délégation du Togo, le 8 janvier, à la veille du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN-2010).
Le chargé de communication de l’équipe togolaise, Stanislas Ocloo, et l’entraîneur des gardiens Abalo Amelete, avaient été tués dans l’attaque. Par cette mesure, Issa Hayatou veut lancer un message clair à tous les gouvernements qui voudraient s’immiscer dans les affaires du football. Pour justifier cette sanction, Issa Hayatou citera le cas du Nigeria qui a écopé de la même sanction en 1996 quand les autorités politiques avaient retiré l’équipe nationale. «C’était une interférence politique et nous avions sanctionné l’équipe nationale du Nigeria pour deux éditions, conformément à l’article 78 de nos règlements», a rappelé le patron de la CAF.
«Il n’y a pas de circonstances exceptionnelles à partir du moment où ce sont les autorités politiques qui les ont retirées, a-t-il encore dit. Si les joueurs togolais avaient décidé de partir, devant cette émotion, devant cette peine, on aurait compris», a tenté de plaider le Camerounais. «La CAF n’acceptera aucune interférence gouvernementale» semble dire Issa Hayatou. Et pourtant, l’Egypte évolue comme chez elle du fait que le pays des Pharaons dicte sa loi en désignant les arbitres. L’actuel secrétaire général de la CAF, l’Egyptien Mustapha Fahmy, fait la pluie et le beau temps. Pour preuve, à l’époque des événements, la CAF avait assuré qu’il n’y aurait pas de sanctions à l’encontre des Eperviers, sanction en principe prévue en cas de forfait. «C’est un choix difficile. C’est un choix individuel et collectif. La décision vous appartient et à vous seuls. Si vous choisissez de quitter la compétition, nous comprendrons votre décision et nous l’accepterons», avait notamment déclaré Issa Hayatou, le président de la CAF.
«Etant donné que le président de la CAF a donné toute latitude au Togo, il n’y aura pas de sanction en cas de retrait», avait ensuite précisé Mustapha Fahmy, secrétaire général de la CAF. Hier, le ton a changé. La CAF s’achève avec, peut-être, comme programmé dans les coulisses, le sacre de l’Egypte. D’ailleurs, jusqu’à présent, la CAF ne s’est toujours pas exprimée sur la piètre prestation du chevalier du sifflet, le Béninois Koffi Codjia, qui a, par son parti pris, éliminé l’Algérie. La CAF, dont le siège est sis au Caire, peut difficilement justifier cette politique du deux poids, deux mesures quand il s’agit de l’Egypte.
Sur un autre plan, la CAF a également indiqué qu’elle «étudiait» actuellement le passage de la CAN des années pairs aux années impairs à partir de 2013. «Ce sera toujours tous les deux ans et toujours en janvier ou février. La décision sera prise en mars-avril. Si les études aboutissent, on compte démarrer en 2013», affirme l’instance africaine. En cas d’accord, il devrait donc y avoir une CAN co-organisée en 2012 par le Gabon et la Guinée équatoriale, et une autre l’année d’après en Libye, dont l’édition prévue en 2014 pourrait être avancée. Si cette éventualité est retenue, elle ferait le bonheur de Sepp Blatter, président de la Fifa, et des lobbys européens. En effet, dans une interview fleuve accordée récemment au journal égyptien, Al-Ahram Weekley, le patron de l’instance internationale, a appelé à une réforme globale de la Coupe d’Afrique des Nations. Dans ce cas, Sepp Blatter a préconisé une CAN sans les joueurs professionnels dans le but de ne pas perturber les clubs européens. «J’ai proposé à Issa Hayatou d’organiser durant l’année du Mondial une CAN spéciale joueurs locaux sans les professionnels. Ce qui résoudrait le problème», a-t-il indiqué.
Source: http://www.lexpressiondz.com/article/4/2010-01-31/72539.html