Cela ne se passe pas en Kabylie ou dans le pays chaoui : des élèves de six ans fréquentant l’école pour la première fois suivent des cours de tamazight.

Natifs pour la plupart du Canada, ils sacrifient leur matinée de samedi pour suivre des cours dans la langue maternelle. Toute la symbolique est là.

L’école Inas  assure, depuis 2009, des cours de langue au profit de la communauté amazighe, kabyle en particulier, établie à Montréal. Bien que ce ne soit pas l’engouement, ce que d’aucuns déplorent par ailleurs, la rentrée des classes samedi a donné lieu à des scènes qui rappellent à bien des égards des images de Fouroulou dans une version actualisée.

Des dizaines d’élèves ainsi que des adultes sont scolarisés à l’école Iinas. Pas plus haut que trois pommes, Yanis est tout content de rejoindre ses camarades de classe berbère. “Grâce aux cours d’Inas, j’arrive aujourd’hui à lire et écrire en tamazight”, avoue le petit chérubin. En tout cas, ce samedi, les élèves ont montré leur enthousiasme à suivre des cours dans la langue de Mammeri.

En Algérie, bien que tamazight soit consacrée langue nationale et officielle, son enseignement n’est pas encore généralisé dans le système éducatif. Les efforts des membres d’Inas, qui assurent leur mission de manière bénévole, méritent d’être soulignés. Inas a entamé un travail de sensibilisation pour convaincre les berbérophones à suivre des cours de tamazight. Sur les quelque 100 000 Algériens et autant de Marocains, sinon plus, établis au Canada, il y a une forte proportion de locuteurs berbérophones, dont la majorité réside justement dans la grande région de Montréal.

C’est ce bassin démographique que l’école communautaire Inas veut cibler.

Avec quelques divisions pédagogiques, Inas ambitionne de doubler au moins ses effectifs à moyen terme. Avec les nouvelles inscriptions de samedi, l’école semble sur la bonne voie. Si en Ontario l’enseignement de tamazight est dispensé avec la contribution du gouvernement provincial avec son intégration dans le programme officiel des langues internationales, au Québec il n’arrive pas encore à dépasser le stade associatif.

Pourtant, il existe dans la Belle Province un programme officiel dédié à l’enseignement des langues d’origines. Il s’agit du Pelo (Programme d’enseignement des langues d’origine), mis en place depuis 1978 par le ministère québécois de l’Éducation, qui permet aux immigrants de suivre des cours dans leurs langues maternelles. Pas moins de dix-sept programmes sont lancés depuis.

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