Alors que la métropole est en pleine ébullition en raison des différents mouvements de protestation, Bendir Man, un artiste tunisien engagé qui a vécu les manifestations de contestation dans son pays, jette un oeil critique sur les mouvements sociaux à Montréal.

Dès son arrivée au square Victoria, là où étaient installés quelques manifestants, sa première réflexion a donné le ton à ce qu’il pense de cette mouvance.

« Ce sont des anarchistes, ils ne sont pas représentatifs de la société québécoise. Je ne vois pas à quoi sert leur sit-in. Ils ne sont même pas capables d’occuper la moitié du square », précise le chanteur tunisienqui, lors de tournées en Europe et en Afrique, a pu constater la différence entre Occupons Montréal et les mouvements sociaux ailleurs dans le monde.

Les étudiants, premières victimes
Par contre, Bendir Man reste partisan du mouvement des étudiants contre la hausse des frais de scolarité. « C’est étonnant de voir que, dans un pays développé avec de grandes ressources économiques et naturelles, les étudiants soient les premières victimes. C’est même incompréhensible, la position du gouvernement », soulignet-il.

« Les étudiants sont l’avenir du pays », ajoute-t-il. Puis, il poursuit en expliquant que « peu importe les pays, les étudiants galèrent ».

« Au suivant! »
Seize mois après la révolution tunisienne, Bayrem Kilani alias Bendir Man revient avec un nouvel album, Eli Baadou, « Au suivant » en dialecte tunisien. Dans ce nouvel opus, il critique allègrement le gouvernement tunisien actuel.

Il parle également des sujets qui dérangent encore une partie de la population : la sexualité, la politique, la religion… bref, tout y passe. « C’est un copier-coller de ce qui se passe depuis plus d’un an en Tunisie. Actuellement, tout est possible. Et c’est une étape de transition tout à fait normale dans un pays qui a connu une révolution », explique le chanteur.

« Dans ce pays où le parti islamique a remporté les élections à 40 %, la consommation d’alcool a augmenté de 50 %, tu ne trouves pas ça ailleurs », dit-il dans un éclat de rire.

Malgré la censure, ses chansons satiriques et engagées ont accompagné les Tunisiens tout au long de la révolution. Les Montréalais ont maintenant la possibilité de les découvrir vendredi, au Cabaret du Mile-End, et de partager avec lui une heure et demie de danses, de rires, de pleurs et de chants.

Source: 24heures - pdf - 16 mai 2012