Minuit et demi, une heure; une nuit sans lune, sans date; un jour d’hiver sans soleil, sans neige, comme aujourd’hui. C’est ce temps avec de nombreux autres, cette éternité, qui va vers le futur et retourne dans le passé dans le royaume de Saint Injuste. Saint Injuste c’est Akli.

Vous ne connaissez pas Akli! C‘est le male en mal d’Afounes. Afounes c’est Tounes Hafi. Oui, plutôt non ! Une grosse et chétive; vieille et moche vache est un afounèsse ou afounès, terme imposé au français avec une presque certitude; un doute que c’est aussi valable en chaoui, chenoui, chleuh et autres. Si ce doute est non fondé, une certitude cette fois-ci alors thafamilt, la famille, de ces trois patois ou dialectes – dit autrement cette smala est dans la généalogie de Tamazight; cette langue du Royaume qui gémit. Celui de Tizinda, cette montagne, Tizi, propulsée des entrailles de la terre par le feu de Dieu; N’da ou nda signifiant sans être proche n’est pas très loin de ces chaumières du village, de tous les villages du pays, ce royaume des preux, ce royaume des gueux aussi et surtout.

Hafi, sans chaussures ni chaussettes dans ses sabots, ses pieds, c’est cet afounès de Tounes qui marche ainsi durant tous ces temps du passé et du futur à Tizinda. Un afounès sans pompes ou godasses, sans chaussettes ni chaussons ni pantoufles devient une humaine, Tounes Hafi, cette amoureuse de Saint Injuste, Akli, l’handicapé de Tizinda, un survivant de guerre, une survivance du feu. Le feu, cette réponse, mauvaise, d’un peuple, des peuples fous à d’autres armées sauvages de fous.

Attendez, arjouth, asttenaw! N’abandonnez pas svp ! Résistez ! Si afounès est utilisé en Libye, Tunisie, Niger, Egypte, Iles Canaries et ailleurs, alors Tizinda ce Royaume qui gémit est très vaste. En ces moments mêmes, les peuples crient et les gueux ont peur.

À en devenir une obsession, cette ressemblance de Tizinda avec Knenda dans la région de Tiaret ou Maatkas dans celle de Tizi-Ouzou. Si par la phonétique et le sens de Knenda, le lien avec Tizinda est aisé, il l’est plus difficile avec Maatkas et pourtant ilest plus facile : il est dans lumière, dans ange, un ange aussi grand, sinon plus grand que cet afounès de livre.

Respirez, soufflez ! Il s’agit d’impressions de lecture de l’afounès, un livre, crée par El-Mahdi Acherchour, un Algérien de chez nous et d’ailleurs. D’ailleurs il vit en Hollande. Et avant le dithyrambe.

Les impressions couchées, pour vous réveiller, que le génie est en vous.

Comme presque dans tous les livres, il y a des coquilles. Trois ont été repérées. Une quatrième de couverture bizarre. Un résumé qui, certes, aide à comprendre la trame mais ne rend pas compte de cet art d’écrire. Ah, les mises entre parenthèses de certains bouts et dépendamment des goûts seront appréciées ou non. Elles le seront pour le lecteur qui a besoin de reposer l’effort cérébral pour comprendre le texte. Le contraire est aussi vrai pour celui qui veut rester dans le même stress et pression de recherche des sens. Ce livre est composé de trois parties. Si leurs styles d’écriture s’équivalent, la courbe ou la ligne - un mot des sciences pures- d’intensité est descendante, décroissante. Une décroissance salutaire tant pour les organes physiques de lecture que pour le système de traitement des sens. Si c’est uniquement le cerveau qui est utilisé alors il doit être un processeur d’inférences à inventer. Il n’existe pas encore sauf probablement dans la gamme des Cray. S’il est fait appel à d’autres organes, alors leur synchronisation ne relève plus de l’humain, elle relève de Dieu.

Vous avez compris que l’auteur de ces lignes n’a presque rien compris dans l’histoire créée par El-Mahdi Acherchour. Pire encore, c’est la deuxième fois que cela se produit. La première fois c’était avec Lui, le livre.

L’histoire créée ?! Non, c’est la vérité qui a été narrée. Cette vérité atavique, l’atavisme d’un peuple, des peuples. Un challenge pour les érudits maintenant : pourquoi un tel titre ? Moineau!

Le dithyrambe suivi d’un post-scriptum très important

Plus haut, il a été question, de sciences pures. Moineau n’est pas un livre. C’est une œuvre d’art dans le double domaine de la littérature et de l’écriture.

C’est aussi une littérature qui relève de sciences pures et non du roman ou de la fiction. Au début de cette chose, des temps précis ont été mentionnés. Tellement précis qu’ils méritent de débuter par des majuscules. Un espace a été identifié, c’est Tizinda. Les objets ou variables ont été indiqués à travers Saint-Injuste, Akli et Afounes à travers Tounes Hafi. Il y a d’autres comme Tayyou! Mélanger tout ca et vous avez l’espace-temps, celui des astrophysiciens.

Une œuvre d’art dans l’écriture ! Par moments, inconsciemment vous vous arrêterez de lire parce que le verbe, le nom vous l’ordonnent. Vous arrêterez de lire parce qu’El-Mahdi Acherchour refuse de terminer sa phrase ou répète des mots et vous penserez que vous hallucinez.

Lisez-le et quand vous sentez que vous n’en pouvez plus continuez car vous saurez que la langue francaise est devenue aussi algérienne, qu’elle n’est plus un butin de guerre. Avec cette écriture, vous acquerrez la liberté, la sublime liberté, d’écrire comme vous parlez et de syntaxer avec jouissance.

Le lectorat de ce livre

Toute personne sachant épeler un mot doit le lire. Les gueux en particulier. Un livre absolument à lire avec soit un joint chinois ou une jarre abimée pleine de petit lait dans lequel baigne ammézir, romarin et qui coule à travers un trou percé par une aiguille.

Moineau, un livre ?

En aucun cas. C’est un chantier de recherche pour tous les pays qui veulent encore avancer. Dans ses traductions futures, s’il n’est pas accompagné de la signification et des sens de la langue Amazigh, que les lecteurs de ces pays qui veulent avancer plus ne se fassent pas d’illusion. Ils ne comprendront rien. Mea-culpa : ces pays créent les moyens pour les objectifs.

C’est aussi, conjoncture oblige, un moyen de créer des emplois en Algérie. Exemple d’emploi : faire de Moineau une édition sous forme de bijoux traditionnels. Pour ca, les gueux risquent de se transformer en hyènes.

Cette lecture est offerte pour tous les Tayyou et Tounès Hafi de notre terre. La Tounès Hafi, la Jarre.

A.Z.

el-Mahdi-Acherchour-Livre=Moineau

El-Mahdi Acherchour. Moineau. Roman. Éditions Aden. 2010.

Post-scriptum

En soutenant que les règles de rédaction en journalisme doivent changer, l’auteur de cette contribution a échangé en toute amitié avec El-Mahdi Acherchour sous ce célèbre réseau commercial faussement qualifié de social. Cet échange n’a eu aucun impact sur cette notre de lecture. Les deux livres que votre serviteur a lus l’ont désarçonné et c’est l’aveu de la puissance de cette écriture qui est ainsi exprimé. Cet aveu signifie qu’il n’a presque rien compris dans ce qu’il a lu. Cette contribution est signée gracieusement avec une pensée pour cette machine à lire qu’était Abderrahmane Aissat.