Photo: Bernard Brault, La PresseIl a plu des cordes, des cordes, des cordes, et... le ciel dominical s'est dégagé. Quelques minutes à peine avant que LE chanteur de raï ne monte sur la scène d'une place des Festivals bondée contre toute attente, au bout d'une journée entière de douche intense, les FrancoFolies ont été miraculées. Le grand spectacle gratuit était bel et bien sauvé des eaux.

 

 

Introduction dramatique, ponctuée de luth (oud), d'accordéon et de violon, et voici Khaled qui s'amène sous un tonnerre d'applaudissements. Le chanteur a tôt fait de mettre à profit son organe vocal, fabuleux comme on le sait. La derbouka et la batterie se mettent en marche, les cuivres résonnent, nous sommes illico téléportés dans le Maghreb.

C'est d'abord Yamina, grand succès de Khaled, qui fait se déployer les caméras et téléphones portables comme des fleurs de lumière sur l'immense parterre, sans compter les drapeaux algériens qui se gonflent de fierté. Tiens, il y en a un qui couvre déjà les épaules de la star, qui finira par en orner le pied de son micro.

Peu bavard entre les chansons, l'interprète enchaînera les tubes et les mégatubes, feu roulant attisé exprès pour une formule festival - environ 90 minutes bien tassées. Bien sûr, c'est le spectacle d'un chanteur populaire soutenu par une machine huilée au quart de tour, ce n'est pas un événement crucial, ce n'est pas l'occasion de grandes découvertes, c'est tout simplement un bon show de bonne pop. Pop moderne et maghrébine - même si une part importante de cette équipe est européenne.

L'Algérien proclamera sa liberté avec la chanson titre de son nouvel album. L'esthétique de Liberté, un des meilleurs opus de toute sa carrière, est d'ailleurs fidèlement reproduite sur scène, énergie scénique et urgence en prime. Puis c'est N'ti Sbabi, qui se développe sur un tempo moyen. Nous sommes en voiture! Marsem, la suivante, évolue sur le même mode.

Le rythme deviendra plus funky avec Melha, tout à fait propice à la danse, solo de sax ténor à l'appui. Long préambule au piano avec Wahran, curieux croisement de traditions et de références archiconnues; on y ratisse de la péninsule ibérique aux steppes du Caucase en passant par le Mexique et Cuba. Khaled y multiplie les effets vocaux, ça vire même au latin jazz!

Pendant que la masse de fans frétille de contentement, le chanteur entonne Bakhta, une valse langoureuse aux accents gitans qui s'imprime assurément dans les hémisphères, le tout ponctué de salves percussives en fin de parcours. Apéritif de flûte pour la suivante, presque une polka: El Harba Wine. Welli El Darek, un reggae-raï pas piqué des vers, nous rappelle plus tard que le Maghreb a de vraies affinités avec la Jamaïque.

Le programme culmine avec un pot-pourri de classiques (Chebba, N'ssi N'ssi Didi, etc.), des milliers de bras levés ondulent sur la place des Festivals.

Avant le rappel, un meneur de claques un peu maladroit réussit à se faire huer en invitant la foule à assister au prochain concert nord-américain de Khaled à Las Vegas (comme si c'était à côté?!). La foule finit par piger qu'il suffit de faire du bruit pour que le chanteur revienne sur scène. Khaled interprétera Trig Lycée et coiffera sa prestation d'Aïcha, la seule chanson francophone de la soirée, chanson de réconciliation écrite par le Français Jean-Jacques Goldman, faut-il le rappeler.

Est-il besoin d'ajouter que les fans la connaissent par coeur?

Source: La Presse