Croquis d'audience représentant Cheb Mami (à droite) pendant le témoignage d'une ancienne compagne, le 2 juillet 2009 à ParisBOBIGNY, France (AFP) - Sept ans de prison ont été requis jeudi par le procureur du tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) contre la star franco-algérienne du raï, Cheb Mami, 42 ans, accusé de tentative d'avortement forcéde son ex-compagne.

Sept ans de prison ont été requis jeudi par le procureur du tribunal correctionnel de Bobigny, près de Paris, contre la star franco-algérienne du raï, Cheb Mami, 42 ans, accusé de tentative d'avortement forcé de son ex-compagne, à qui il a demandé pardon.

Son maintien en détention a également été demandé. Le jugement doit être rendu vendredi vers 15H00 locale (13H00 GMT).

"Je regrette tout ce qui s'est passé. Je lui demande pardon (à la victime), je regrette", a déclaré le chanteur avant la suspension de l'audience jeudi peu après 23H00.

Le procureur Ophélie Champeaux a également requis six ans de prison et un mandat de dépôt contre Michel Lecorre (Maurice Lévy), l'ex-manager de Cheb Mami, qui comparaissait pour les mêmes motifs.

Huit ans de prison ont été demandés à l'encontre d'Hicham Lazaar, l'homme de confiance du chanteur, et dix ans contre Abdelkader Lallali, soupçonné d'être son homme de main, tous deux absents et présentés par le procureur comme des "exécutants". La magistrate a requis la délivrance de mandats d'arrêt contre eux.

Au cours de son réquisitoire, Mme Champeaux a qualifié Cheb Mami et son ex-impresario de "co-organisateurs" de "violences d'un autre âge".

Cheb Mami, Mohamed Khelifati à l'état civil, "est l'instigateur de ces actes ignobles, de ces actes barbares. C'est lui qui avait intérêt, pour son image en France et en Algérie, de voir ce ventre vide", a fustigé Mme Champeaux.

Ecroué à la prison de la Santé à Paris depuis lundi après deux années de fuite en Algérie, Cheb Mami encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

Il lui est notamment reproché des "violences" avec des circonstances aggravantes en 2005 à l'encontre d'une photographe de presse de 43 ans, avec laquelle il entretenait une liaison.

En août 2005, Camille --le prénom a été changé à la demande de la victime-- affirme avoir été amenée de force dans une villa à Alger après qu'elle eut annoncé sa grossesse au chanteur qui n'en voulait pas. Elle dit y avoir été droguée et séquestrée, affirmant que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage. Elle a finalement donné naissance à une fillette aujourd'hui âgée de trois ans.

"J'ai été insultée +sale chienne, salope, t'as fauté+. Ils m'ont balancée sur le matelas et m'ont arraché le pantalon. Il y avait deux femmes à califourchon. On m'a fait trois piqûres, une (femme) appuyait sur mon ventre et l'autre me mettait la main dans le vagin et grattait", raconte Camille à la barre.

Cheb Mami a reconnu sa responsabilité, avouant en sanglots "sa faute grave", mais a affirmé avoir été "piégé".

"J'étais dépassé", a-t-il dit. "C'est contraire à mes principes, à ma religion. Je n'arrive pas à l'expliquer. J'ai fait une faute, c'est grave, le cauchemar. Je n'étais pas dans la villa mais je savais ce qui se passait".

Il a ensuite renvoyé la faute sur son ex-impresario: "C'était l'idée de Michel" Lecorre. "J'ai accepté dans la panique (...) Mais je n'ai rien fait pour l'arrêter", a-t-il admis.

"C'était la honte pour moi d'avoir un fils ou une fille illégitime, un enfant ça se fait à deux. Je ne voulais pas de cet enfant", a expliqué le chanteur.

Dans la matinée le tribunal avait procédé à l'examen de la personnalité de celui qui fut le premier et seul chanteur de raï à remplir le Palais Omnisports de Paris-Bercy. D'après le rapport d'expertise, Cheb Mami "ne présente aucun trouble de personnalité".