Les élections législatives algériennes du 4 mai 2017, ont abouti au mêmes résultats habituels: soit une configuration pyramidale, vide au milieu, à sa tête le FLN et son extension le RND et à sa base le bassin des autres partis de l'opposition avec en plus, une saveur d'indépendants.

Je félicite toutes les candidates et tous les candidats élus, et je leur souhaite un bon parcours dans la politique!

Les scores à toutes les échelles sont identiques à ceux des années précédentes ; non pas forcément parce qu'ils sont truqués mais parce que la sociologie politique de l'Algerie n'a pas changé et continue à fonctionner avec les mêmes paradigmes (Le clan), et à produire les mêmes rapports à la politique et les mêmes attitudes et tendances.

Le festival électoral se déroule en trois tons:

  1. Avant la campagne, le match se déroule entre les pro et les contre vote, sur le principe de voter ou de sauter. Souvent, les pro sont désignés du doigt, intimidés et taxés de soumis au régime (chayate);
  2. Pendant la campagne, chaque clan se livre à sa partie du festival;
  3. Après le vote, dans l'ambiance des célébrations, les pro et contre vote reprennent la confrontation , mais en inversant le sens du doigt pointé cette fois-ci vers les contre, incriminés pour trahison au clan.

Dans ce contexte, le geste de voter n'a rien de personnel, de citoyen et ni de privé. C'est un acte dont la collectivité s'octroie le droit de juger, de bénir, de bannir ou de condamner.

C'est un acte d'appartenance et un manifeste d'alliance et d'allégeance au clan.

Le rapport que l'individu établit avec le politique est identique au rapport à la famille et au clan avec la même charge émotionnelle et avec la même passion.

Tous fonctionnent dans la logique de bipolarité , pour stimuler le geste de voter. Ce qui importe n'est pas forcément l'adhésion à un programme. Ce qui importe, c'est de barrer la route devant le clan adverse. Chaque clan motive ses adeptes par la diabolisation de l'adversaire, et non par la pertinence de son programme.

Les orphelins de ces élections sont les programmes et la culture de bonne gouvernance.

Même si tout le monde sait que ces heureux élus auront à se prononcer mécaniquement sur des questions par une main levée, baissée ou absente, et que rien ne va changer; ils demeurent satisfaits d'avoir soutenu la victoire du clan, soit la victoire d'une partie de soi.

Ce sont les têtes qui importent et non les programmes et encore moins le souci d'une bonne gouvernance, fondée sur le sens d'imputabilité (réédition de compte).

Personne ne se soucie de l'imputabilité, soit du devoir de rééditer des comptes.

Personne ne se soucie des abstentionnistes et de leurs raisons; ces orphelins depourvus de clan et pris au piège de la contestation hors réseau.

C'est parti pour un autre quatre ans de relâche, avant que le bruit des prochaines vienne réveiller les âmes endormies.

Si Ibn khaldoun se relève de sa tombe, il serait ravi de constater encore la validité de sa théorie, mais aussi surpris de voir le temps figé.

Dr. Brahim Benyoucef
Le 5 mai 2017

Source: https://www.facebook.com/brahim.benyoucef.7/posts/1521762664563524