Peut-être serait-ce plus facile si je m'appelais Marc Croteau. Peut-être pourrais-je alors dire que je suis pour une charte de la laïcité sans risque. Faudrait-il alors qu'on me renvoie dans ma région, dans ma ville? Si je m'appelais Marc Croteau et que je disais que je crois que les valeurs québécoises incluent la séparation de l'Église et de l'État, l'égalité entre les hommes et les femmes et le français comme langue commune, qu'est-ce qu'on pourrait bien me répondre? Que je ne connais pas le Québec? Que je n'adhère pas aux valeurs de ma société d'accueil?
Je m'appelle Maka Kotto, c'est mon nom. Je m'en porte très bien. Le Québec est chez moi, dans mes tripes, dans ma peau. Je ne fais plus partie de ceux et celles qu'on intègre, je me sens désormais comme l'un de ceux qui accueillent parce que je suis Québécois. Mon nom est nouveau au Québec, c'est vrai, mais mes enfants le partagent et dans quelques années, j'espère, nous serons moins rares qu'aujourd'hui.

Quand l'un des miens dit des âneries, j'ai honte de l'image qu'il donne de nous et, n'en déplaise au maire de Saguenay, Jean Tremblay, il est l'un des miens, un Québécois comme moi et comme Djemila Benhabib. Et je ne doute pas qu'à sa façon, sa façon bien à lui, il veuille la même chose que tous les Québécois : faire du Québec un endroit où il fait bon vivre. C'est pour cela que je fais de la politique, c'est pour cela que Djemila est candidate du Parti Québécois et c'est pour cela, j'imagine, qu'il est maire.

Je crois que le maire Tremblay doit s'excuser de ses propos ridicules parce qu'ils nuisent à la réputation des Québécois et ça, ça inclut les Djemila Benhabib et les Maka Kotto.

Maka Kotto - Député à l’Assemblée nationale du Québec


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