Des orgies « romaines » de 150 hommes. Des femmes lancées dans la fosse aux lions, victimes des pires sévices sexuels. Une fillette de 7 ans faite esclave sexuelle. Proxénète, pédophile et homme d’affaires : Koceila Louali, alias « Maître K », régnait sur les bas-fonds les plus sordides de Montréal. 


Ce qu’il faut savoir

  •     Koceila Louali a plaidé coupable mercredi à des chefs de proxénétisme, de pornographie juvénile et de contacts sexuels sur une mineure.
  •     Une vingtaine de femmes l’avait dénoncé sur le web en 2019, ce qui a mené à l’enquête.
  •     Surnommé « Maître K », il organisait des orgies impliquant jusqu’à 150 hommes.

C’est grâce au courage de 21 femmes que Koceila Louali a cessé de sévir. Leur dénonciation signée en 2019 sur un site web de l’industrie du sexe, suivi d’un appel à Info-Crime, a mené à son arrestation en avril 2021. Plusieurs victimes étaient d’ailleurs présentes mercredi au palais de justice de Montréal.

Visé par une vingtaine d’accusations, l’ex-recherchiste de 50 ans a mis une croix sur son procès de deux mois prévu à l’automne en plaidant coupable mercredi à des accusations de contacts sexuels sur une mineure et à des chefs reliés au proxénétisme et à la pornographie juvénile. Il a fait sept victimes adultes, en plus de la fillette. 

« Maître K » va écoper de 12 ans de pénitencier, si le juge Jean-Jacques Gagné entérine la suggestion commune. Il risque aussi d’être déclaré délinquant à contrôler.

L’histoire de Koceila Louali est sans précédent. Recherchiste à Radio-Canada, il est devenu invalide en 2005 en raison de ses très graves problèmes de vision. Il s’est alors réinventé comme « Maître K » et a créé deux agences de services sexuels avec l’aide de sa conjointe Carole Desrochers, alias « Dame Freija » (condamnée à la prison à domicile l’an dernier).

Ses organisations étaient rodées au quart de tour dans les années 2010 avec une équipe de gestion et une réceptionniste. Il y avait même une newsletter pour les membres. Mais Koceila Louali était le grand manitou : il recrutait les femmes, les payait, récoltait l’argent des clients et organisait les évènements.

La première agence de Louali, le club privé libertin Le Rubicon, était spécialisée dans les « gang-bangs » (une activité sexuelle impliquant jusqu’à 10 hommes contre une femme). Ces évènements étaient visiblement très populaires à Montréal, puisque Louali en organisait environ trois par semaine.

Des orgies de 100, voire 150 hommes, supervisées par « Maître K », se déroulaient aussi dans l’ombre. Le thème ? La débauche romaine. Les hommes payaient de 150 à 295 $ pour participer à ces bacchanales. Les femmes, elles, étaient moins d’une dizaine, ce qui s’éloigne du ratio « normal » pour ce type d’évènements. De plus, elles n’étaient pas toujours prévenues du sort exact qui leur serait réservé. En bref, elles étaient jetées en pâture aux hommes pendant cinq heures.

« Plusieurs femmes sont sorties de l’orgie en pleurant », avait relaté une enquêteuse à l’enquête sur remise en liberté de Louali en 2021.

La seconde agence de Louali, « Carte Blanche », se spécialisait dans les « fantasmes sur mesure », menant à des pratiques sexuelles extrêmes, dont certaines que très peu de travailleuses du sexe acceptent de faire.

Les conditions d’hygiène des travailleuses du sexe qui participaient à ces évènements étaient « minimales ». Les hommes adoptaient parfois des comportements « agressifs » et n’obtenaient pas toujours le consentement des victimes, selon les faits admis. « La sécurité des travailleuses du sexe n’était pas adéquatement organisée », indique sobrement le résumé des faits.

Koceila Louali reconnaît avoir eu des pratiques sexuelles « intrusives » avec deux femmes sans expérience dans le milieu. À l’enquête sur remise en liberté, l’un des cas a été décrit comme une « agression sexuelle violente », puisque Louali aurait soumis la femme à une pratique sexuelle extrêmement dégradante. Précisons que Louali n’a pas plaidé coupable à des chefs d’agression sexuelle.
Une fillette esclave sexuelle

Dans un autre dossier, Koceila Louali s’en est pris à une fillette d’à peine 7 ans, livrée en pâture par sa mère complice (condamnée à 6 ans de pénitencier). Dans une relation consentante de domination, Koceila Louali traitait la mère comme une esclave, le tout devant l’enfant.

Une fois, alors que la mère regardait la scène, Koceila Louali a commis des gestes sexuels envers la fillette et lui a ensuite dit que c’était le « plus grand secret du monde ». En outre, à la demande de Louali, la mère lui envoyait des photos de l’enfant nue. La mère était « complètement sous l’emprise » de « Maître K », selon la preuve.

Les échanges écrits entre la mère et « Maître K » étaient particulièrement sordides : des scénarios d’exploitation sexuelle pour faire de la fillette l’esclave de Maître K et des scénarios sexuels impliquant l’enfant qui pourraient difficilement être plus dégradants.

Quand les autorités sont intervenues, Koceila Louali a demandé à la mère d’ordonner à la fillette de tout nier, puis d’effacer toutes les preuves. Une fois en prison, Louali a continué de communiquer avec la mère avec un cellulaire.

Le dossier reviendra en septembre prochain en vue des observations sur la peine. D’ici là, Koceila Louali sera évalué pour déterminer s’il doit être déclaré délinquant à contrôler. Me Delphine Mauger représente le ministère public, alors que Me Giuseppe Batista et Me Laurence Juillet défendent l’accusé. 

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