Lazhar Zouaïmia, un citoyen algéro-canadien, a été arrêté de manière arbitraire en Algérie, d'après sa conjointe Fatima Benzerara.

Selon elle, son mari a été arrêté à l’aéroport Constantine dans l'est du pays le 16 février, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour revenir chez lui à Montréal, après une escale à Alger.

Mme Benzerara a indiqué que son mari a été "arrêté puis emmené par des agents en civil dans les locaux des services de sécurité de Constantine, sans ordonnance judiciaire et sans accusation claire."

"Je ne dors plus, je ne mange plus, j'ai passé 24 heures à l'hôpital, ma fille est effondrée, toute la famille, tout a basculé ", dit-elle à Radio-Canada.

Lazhar Zouaïmia est accusé "de promotion d’actes terroristes par le biais de moyens technologiques ", selon son avocat.

M. Zouaïmia a participé à Montréal avec des centaines d’autres Algériens au Hirak, ce mouvement populaire pacifique qui a commencé le 22 février 2019 en Algérie, appelant à une démocratisation du pays.

"Ce qui est plus dur c'est les accusations. Je ne comprends vraiment pas. C'est vraiment l'antipode de ce qu'est Lazhar", témoigne sa conjointe.

Répression

Ces derniers mois, le régime algérien a accentué la répression contre les activistes du Hirak. Selon les décomptes des médias, 300 activistes sont détenus et poursuivis pour diverses accusations, dont "terrorisme".

"Plus de 300 personnes arrêtées pour délit d'opinion et délit politique", rapporte le journaliste algérien Mustapha Bendjama.

"Actuellement, on vit une répression terrible en Algérie, pire que ce qu'on a connu sous Bouteflika [le président déchu par le mouvement de protestation, NDLR] ou d'autres présidents", affirme-t-il.

La veille du troisième anniversaire du Hirak, plusieurs militants ont été arrêtés dans plusieurs villes du pays.

Pour Edir Sadou, un ami de la famille, "on s'en prend à lui parce qu'on veut en faire un exemple. Parce qu’aujourd'hui, les noyaux qui résistent et qui continuent à activer se trouvent dans la diaspora."

"Ça va avoir un effet de peur et de terreur pour les gens qui veulent se déplacer [en Algérie, NDLR] clairement. Je connais des gens qui avaient le projet d'aller visiter leur famille au pays et qui ont décidé de ne pas y aller, de différer parce qu’ils se sont exprimés sur les réseaux sociaux, ils ont été dans des manifs, ils ont signé des pétitions" , assure M. Sadou.

Le gouvernement fédéral a confirmé à Radio-Canada être au courant de l’arrestation et de la détention de M. Zouaïmia, soulignant que "les agents consulaires demeurent en contact avec les autorités locales afin de recueillir d'autres renseignements et fournissent une assistance consulaire."

Hydro-Québec, l’employeur de M. Zouaïmia, dit avoir appris son arrestation par le biais de sa conjointe.

La société d’État a indiqué que le lien d’emploi est maintenu et qu’elle suit la situation de près par "l’entremise de nos équipes de ressources humaines et de sécurité corporative."

Avec le reportage de Marie Isabelle Rochon

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1865068/canada-algerie-manifestation-emprisonnement