Quelque 484 km parcourus de Springfield (Boston - Massachusetts) et on arrive de bon matin, au consulat d'Algérie à Montréal, là où on garde notre immatriculation et c'est là où on doit déposer le dossier de demande de passeport biométrique. Et dire qu' on a rien oublié même, en réserve, notre certificat de toise.
La première chose qui vous frappe, c'est la bâtisse achetée au coin de la Rue Sherbrook-Saint Laurent au nom de l'État Algérien, et qui abrite les locaux et vraisemblablement la résidence du Consul. Était-t-il bon de louer ou d' acheter le siège et selon quel calcul ? Point d'explication. L'Algérie est un des rares pays à posséder son propre siège consulaire. Tous les pays occidentaux louent, y compris un pays comme les USA n'étant toujours pas propriétaire des locaux de la rue Saint Alexandre.
Aux États-Unis c'est la même chanson. Consulat et ambassade sont la propriété de l'Etat Algérien. En plus, notre pays avait, faut-il le mentionner, défrayé la chronique dans les années 70 en acquérant aussi la résidence du président Lyndon Johnson. The Elms (les ormes) c'est son nom. Elle sert comme maison à l'ambassadeur des MAE à Washington.
Une maison, non un petit hôtel de quatre étoiles: 12 chambres, 10 salles de bains et une armée de domestiques ! C'est une villa de 9 millions de dollars avec un terrain plus grand qu'un stade de football, laquelle consomme 4 fois plus en électricité de ce que paye l'ambassadeur de la RFA pour sa résidence.
Autre remarque, alors que dans notre mémoire défile encore ce terrible décès d'un employé consulaire à New York inhumé par l'Église, faute de prise en charge et d'assurance: la situation exceptionnelle des agents qui y travaillent comme dans toutes les représentations et qui n'ont pas le statut diplomatique demeure le nœud gordien de la problématique .
On est tenté de croire avec certitude que ces gens qu'on a vu depuis 20 ans à Ottawa puis à Montréal , se trouvent encore stationnaires dans une carrière statique, toujours happés par le tourbillon du même statut routinier du grade et de la fonction. Certes pour le Canada on peut avoir une assurance médicale publique, mais pour la retraite, l'assurance vie, la promotion, c'est la main mise des héritiers des MAE sur le destin des ces algériens, en position vacataire .
Tout ce qu'on peut dire c'est que les agents et le personnel du consulat d'Algérie à Montréal l'emportent malgré tout en gentillesse, même si le sous-sol dans lequel ils sont séquestrés encourage le délabrement moral et griffonne le plus des flegmatiques. Il s'agit d' un endroit non aéré et non sécuritaire, incontestablement en porte-à-faux avec les normes du travail au Canada.
Dans ce lot de la bienséance et en dépit d'une gent masculine tout feu tout flamme à laquelle on frayait par tradition le chemin, se trouve aussi le consul a moitié incliné pour entendre les doléances. On a l'impression qu'il fait lui aussi ses provisions en courtoisie avant d'arriver au travail, et finit par les imposer en décibels a ses interlocuteurs.
Le consulat est propre, très propre même. Bien entendu il y a un panneau version langue de bois qui macule l'espace et une petite affiche d'un député néophyte qui augmente la rage des professeurs du HEC. Mais c'est acceptable devant le déferlement des ces demandes avec parfois des dossiers mal foutus. Un ancien routier qui jongle avec le français à la manière d'un ancien receveur des postes se dresse devant vous à la réception comme un spécialiste de la sémantique.
Et oui ... ! Il l'a découvre ... Petite anomalie, on n'a pas pris un rendez-vous. Le rendez-vous est inscrit sur le site du consulat ... où ? En haut, à gauche, à droite, en bas, en arrière, à l'endos. Bref ... ! Le monsieur revisite sa liste et nous gratifie d'un ticket bleu tatoué car notre tour serait bien après la finalisation des cas des personnes ayant des tickets blancs. Tout à fait, cols blancs avant cols bleus, et puis ça dérange en rien, le fait d'attendre une journée chaque 5 années. On descend sur la pointe des pieds sous le regard du receveur. Où ? vers le sous-sol et on saute sur une chaise.
Mais voila que nous nous trouvons perdus en matière de chrono. Un agent dont le visage nous parait familier y travaille toujours. On lui demande poliment des explications concernant la durée d'attente, il nous suggère de patienter avant de nous faire signer en nous informant qu'il faut revenir à 14H. Parfait, on y reviendrait.
Ça fait longtemps qu'on n'est pas allé au centre ville de Montréal, depuis 2008, et c'est l'occasion. Retour a 14H. Un autre monsieur qui encaisse parfois des cris stridents nous appelle et comme un magicien, nous fait entrer dans une arrière-boutique et termine le tout, sans qu'on s'aperçoit. C'est la délivrance. Il nous donne des numéros de référence pour vérifier l'avancée du dossier.
C'est fait, le dossier avance et le site du ministère de l'intérieur, alors qu'il nous rappelle le cyber-profane comme un site hébergé gratuitement sur Wix, arrive à nous délivrer l'information complète. Tant mieux on est plus rapide que l'Amérique. Qui dit mieux ?

Source: http://www.huffpostmaghreb.com/larbi-zouaimia/passeport-biometrique-a-m_b_8059948.html