Dans la précédente intervention, je vous narrais l’emprisonnement à Annaba  d’Ali Khadraoui, un factotum de l’ambassade d’Algérie à Washington, pour…avoir empêché les USA d’investir dans notre beau pays. Voici la suite.

En se  référant   à  un  dossier d'accusation aux contours ambigus    , on apprend que  l'agent Ali Khadraoui avait   continué à détourner les fonds publics  du bureau des visas  de  l'ambassade d’Algérie à Washington  depuis 2006 jusqu'en 2012. Six années durant, et  personne ne s'est rendu compte de ces prétendues ponctions, puisque la comptabilité consulaire  obéit, selon toute vraisemblance, à un calendrier autre que  grégorien.

Mais  Il faut être un habitué de la phraséologie  nébuleuse   de l'ambassade  d'Algérie  à Washington   pour essayer de situer les contradictions   dans l'affaire d'un  agent polyvalent  à qui on a confié la réception des demandes d'ordre consulaire. A vrai dire,  ce que  nous n’avons pas bien compris, c'est comment un  juge  du tribunal d’Annaba a pu condamner  Ali Khadraoui  en 2012  sur la base  d'une plainte déposée par Monsieur Medelci et  sur des faits  qui se sont produits à Washington situé à 7000 km. Il est clair que nous nous trouvons  face à  une véritable  intrusion de l'autorité exécutive dans les affaires de la justice. Ce qui  veut dire qu'au début,  le tribunal  ne pouvait  ni confondre l’accusé,  ni entendre  l'intéressé lui-même, ni ses témoins, ni même le témoin imaginaire  du ministre Medelci,  responsable de la plainte.  Selon la version du ministère, tout commença par une requête  d'un investisseur américain dénommé    Yann Forak. Ce dernier  se serait plaint à l'ambassadeur Ali Baali du  fait que  Ali Khadraoui lui aurait demandé 50 dollars afin de  lui accorder un  visa pour aller  "investir" en Algérie. L'ambassadeur qui veillait  sur  l'intérêt  suprême de la nation algérienne  a alerté  Medelci de Tlemcen ; on verra plus loin pourquoi cette précision s’impose. Ce dernier a, de son coté, saisi en urgence  la présidence  pour lui faire part des agissements de cet   agent polyvalent, présenté fallacieusement comme officier consulaire. Tombèrent ensuite  les orientations de la présidence  qui, d'ailleurs, prétendaient à un certain humanisme.  En effet, comme  cette présidence  pilule  de bons musulmans qui  craignent  Dieu, elle   veilla à  infliger l'injustice à Alilou mais…en intra-muros. Selon les déclarations du MAE, la présidence a suggéré   de poursuivre l'intéressé en Algérie et de ne pas mettre au courant le FBI, ni déposer plainte aux États Unis et ce,   pour ne pas ternir l'image du pays aux USA (tiens, tiens !). La présidence algérienne qui manque de conseillers n'a que Boughazi, le poète officiel* pour l’éclairer. Faut-il tant d’experts pour comprendre   les attributions des polices aux USA ?

Quant à ternir l'image de l'Algerie... nous plongeons dans le burlesque. Ternir l'image de l'Algerie , c'est  lorsque l'épouse  de Driis Al Jazairi, alors ambassadeur,  gifle la secrétaire à cause des drinks. C'est quand  la police  a voulu   entrer de force à la résidence de l'ambassadeur car  l'épouse  de ce même ambassadeur fut évacuée à l'hôpital Selby de Washington,  suite à une tentative de suicide qui a fait le tour  de tout le District of Columbia. C'est encore lorsque l'ambassade d’Arabie Saoudite  se régala  de plaisanteries en apprenant que les deux billets donnés aux cols bleus de notre ambassade,  pour leurs  permettre d’aller à la Omra , ont été "piqués"   par l'ambassadeur lui-même et son épouse qui, avant de partir à la Mecque ,avaient encore eu  droit au remboursement du coût   de leurs analyses médicales . Ternir l'image de l'Algérie , c'est lorsque le chauffeur sud-américain  de l'ambassade  criait dans la cour et menaçait tout le monde  de recourir au  New York Times à cause d'un incident qui, par pudeur,  ne peut  être transcrit ici. Porter atteinte à l'Algérie, c'est  vendre, comme un maquignon,  une Mercedes dans un marché mexicain ; mais aussi quand un employé de la représentation algérienne à New York  meurt et qui ne trouve que l"Église qui, par dignité humaine, accourut   pour prendre en charge le rapatriement de son corps.

Tout cela se passait  au moment où  Youcef Youcefi et Ahmed Ouyahia faisaient un OPA  révolutionnaire sur des villas de L’Etat algérien, coûtant chacune au bas mot 10 milliards de centimes. .

Et pour Khadaroui le maudit Chaoui de Zouabi,  c'est le zèle des bazaris des Affaires Étrangères, patriotes des déménagements  qui se met en branle.   Fidèles à leur  cinéma, les AE   mobilisèrent     une escouade de neuf enquêteurs équipés de lampes de poche  et  dirigés par  l’inspecteur Général Lasbat Ahmed, pour se déplacer en première classe à Washington avec séjours à Mayflowers Suites,  engloutissant d'un seul coup des charges de 30 000 dollars au frais de l'Etat. Atterris à l'ambassade, rue Kolarama pas loin du Zoo de Washington, les enquêteurs, tantôt rampant, tantôt en position  accroupie, s'engouffrèrent  dans tous les cartons qui se trouvèrent  sur leur passage. Que personne ne bouge !  Les employés se congelèrent   , les vacataires tremblèrent  et deux enquêteurs tirèrent  de temps en temps leurs barbichettes ...Un mot de plus et la cocotte minute explosait !  Et ils   fracassèrent  le petit bureau d’Ali Khadraoui en redressant   immédiatement le tort puisqu'ils arrivèrent   à mettre  la main sur  63 Chèques de 6300 dollars et 18 chèques de 2500 dollars en plus d'une quantité de timbres fiscaux et postaux. Un rapport de 1000 pages fut redigé. Eh oui! Et  Ali Khadraoui fut décrit comme un voleur et un  stupide. Pendant  tout ce temps,  il n'a ni déplace ni encaissé ces  chèques ! Tout compte fait, ce n’est  pas très sérieux  Monsieur Medelci, s'exclame-t-on autour de l’ambassade! C’est vrai que notre génial MAE n’a pas pu retreindre un cri du cœur en avouant dans le procès Khalifa qu’il «  manque d’intelligence ». Mais la meilleure  c'est quand  les enquêteurs  ont  pu constater l'existence d'un  grand trou dans les finances de l'ambassade estimé à des milliers de dollars. Voilà encore le cirque. Imaginez un peu l'organigramme  comique   d'une ambassade où c'est le  factotum qui perfore les finances.

Et ce Yann Forak qui est -il ?   Nous avons essayé de chercher ce nom. Il  n'y a aucune trace dans les registres des entreprises d’une identité qui s’apparente  à un patronyme libano-palestinien, communauté où pullule nombre de prétendu investisseurs qui disparaissent dans la nature sitôt grugés leurs partenaires.

Selon la famille  de l'accusé, Ali a tenté à plusieurs reprises de demander à  l'ambassadeur  son passeport algérien pour pouvoir rentrer s'expliquer  et organiser sa défense. L'ambassadeur aurait refusé. Si tel est  le cas, il s'agit  d'une grave entorse à la loi, puisque Monsieur Baali  n'est pas un juge et il  n'avait nullement le droit de priver un citoyen algérien  de demander un passeport pour aller  régler son problème avec la justice. Humilié par un  ambassadeur apparatchik,  Ali Khadaroui , détendeur aussi de la citoyenneté américaine, décide de forcer les barrages et de rentrer avec son  passeport américain. Il était digne, il a préféré subir la prison que de faire intervenir les autorités américaines.

L'histoire de Ali Khadraoui est en vérité une affaire d'un gangster,  colonel du DRS ayant travaillé à Washington. Il s'agissait, en résumé, d'une affaire d'agence de voyages. Le colonel qui a un fils associé à un propriétaire d'agence, voulait hériter de l'ambassade. Précisions : il n'est nullement interdit de voir des agences de voyages gérer pour  leur clients des demandes de visa. Mais le problème réside dans le fait que l'agence  de voyage du fils du gangster  voulait sauter sur toutes les demandes. Khadraoui simple agent vacataire  se trouvait donc sur le chemin de ce colonel régionaliste qui n'aime pas beaucoup les Chaouias. On y arrive ! Il lui avait  montré qu'il pouvait facilement le mettre en prison. Ce militaire d'opérette  pour se montrer encore puissant est allé même faire un tour au tribunal d’Annaba. Selon la famille du séquestré, Ali, lors de son appel, a bien expliqué au juge  la situation. Ce dernier  a réduit sa condamnation à une année. Mais il  s'agit d'une hogra de trop. C'est ce genre de dépassements qui risque disloquer le pays.  Continuez à pomouvoir des colonels de ce genre, le résultat est garanti...

Jeudi prochain, je vous raconterai ce qui se passe effectivement à l’ambassade d’Algérie à Washington.

* Il existe un poste au Congre' américain  occupe' par le poète officiel  (US official Poet) mais c'est autre chose.

Source: Algerie-Express - 6/jan/2014