MONTRÉAL - L'auteure et militante anti-islamiste Djemila Benhabib sera candidate pour le Parti québécois dans la circonscription de Trois-Rivières à l'occasion des prochaines élections provinciales, ont rapporté Radio-Canada et Le Nouvelliste jeudi.


Sa candidature devrait être officiellement annoncée dans les prochains jours. Djemila Benhabib est connue pour ses prises de position pour la laïcité. Son plus récent essai Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident
a été publié en 2011.

Née en Ukraine en 1972, d'une mère chypriote grecque et d'un père algérien, Djemila Benhabib a grandi en Algérie dans une famille de scientifiques engagée dans des luttes politiques et sociales. Réfugiée au Québec en 1997, après un séjour en France, elle réagit aux conclusions de la commission Bouchard-Taylor en 2009 par la publication d'un essai. Ce premier livre lui vaut le prix des Écrivains francophones d'Amérique.

Il y a un mois le vice-président de l'Association péquiste de Trois-Rivières, Yves Rocheleau, avait pourtant déclaré que la candidature de Léo Bureau-Blouin avait été rejetée en raison de son manque d'attachement à
Trois-Rivières, notamment.

De son côté, celle qui aura à affronter la future candidate péquiste, la députée libérale Danielle Saint-Amand, trouve un peu insultant qu'on parachute Djemila Benhabib à Trois-Rivières. «Ce choix laisse entendre pour le PQ que Trois-Rivières est synonyme d'accommodements raisonnables», a-t-elle déclaré au Nouvelliste.

Mme St-Amand soutient qu'il y a des enjeux importants pour la région, notamment la santé et l'économie, et elle craint donc que le dossier des accommodements qui a surtout fait les manchettes au Québec en 2007, devienne la seule priorité de Mme Benhabib. «Honnêtement, je ne pense pas que nous avons besoin de quelqu'un qui va refaire le débat sur les accommodements raisonnables», a-t-elle déclaré.

Elle se dit prête à défendre son bilan, qu'elle qualifie d'exceptionnel', peu importe les candidats qui se présenteront contre elle, mais ne croit pas que ses chances de réélection soient plus faciles parce que Mme Benhabib ne provient pas de la région. «La chance durant une campagne électorale se passe toujours la journée du scrutin. C'est le citoyen qui décide, alors je ne pense pas qu'il ait une chance de plus ou de moins.»

Du côté du mouvement souverainiste de la région, la candidature de Djemila Benhabib est reçue favorablement. La députée de Champlain, Noëlla Champagne, affirme qu'à son avis ce choix n'a pas été imposé par l'instance nationale du PQ, mais que ce fut une décision prise de concert avec l'association locale.
«Si l'exécutif de Trois-Rivières l'a acceptée, c'est parce qu'il a pris le temps de réfléchir et qu'il a bien fait les choses ». Mme Champagne indique que sa future collègue connaît bien la région pour y avoir mis les pieds à
quelques reprises lors de ses tournées promotionnelles pour ses livres.

L'ancien député péquiste de Laviolette, Jean-Pierre Jolivet, soutient aussi que «l'important est qu'elle soit bien accompagnée par l'exécutif de Trois-Rivières. À ce moment-là, elle est capable de définir des priorités et de défendre la région.» Pour lui, cette candidature représente un bon coup pour le PQ puisqu'elle est une personne de notoriété et envoie également comme message que le mouvement souverainiste n'est pas raciste, contrairement à ce que l'ex-candidat caquiste, Kamal G. Lutfi, a écrit sur les réseaux sociaux.

Même si elle juge intéressante cette candidature et respecte son travail, l'ancienne députée bloquiste de Trois-Rivières, Paule Brunelle, croit que l'absence d'attachement à la région sera un bon défi pour cette blogueuse et
auteure. «C'est important à Trois-Rivières d'être bien intégrée dans le milieu et de bien connaître les gens. J'ai trouvé en sept ans et avec quatre campagnes électorales que c'est difficile de se faire connaître par la population. C'est un travail incessant. On se pense plus connu, mais on ne l'est pas vraiment».

Mme Brunelle et M. Jolivet ont par ailleurs souligné la bataille de Djemila Benhabib pour la liberté des femmes contre les extrémistes islamiques.

Les commentaires du chef d'Option nationale et député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, tranchent avec ceux de Danielle Saint-Amand. Il souhaite bonne chance et la meilleure des campagnes à Mme Benhabib. «Je suis sûr que ça sera une campagne qui va se dérouler de façon civilisée et propre comme les gens s'y attendent» a-t-il déclaré au Nouvelliste.

Source: 985FM