Une légende vivante de la révolution algérienne. « Amirouche est un héros kabyle et algérien »
Hamou Amirouche qui a été secrétaire particulier du colonel Amirouche est à Montréal pour présenter ce 8 juin son livre-témoignage d’une année vécue aupès d’un grand chef militaire kabyle et algérien. Organisée par l'Association Assadekia-Québec(ACAQ) que préside M.Hamza Outmoune, cette rencontre fait partie d'une série d'évènements qui marqueront le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, version citoyenne.
Il n'y a pas un être humain sur la terre qui ne s’est pas questionné un jour sur le sens de la vie, de sa vie. Naître et mourir sans vivre des grandes émotions ou être acteur dans les bouleversements de son époque laisse toujours une sorte d’arrière goût amer. Hamou Amirouche, secrétaire d’un grand chef militaire de la Wilaya III, en l’occurrence le colonel Amirouche, pendant la guerre d’Algérie n’a pas vraiment raté ces moments mémorables qui font le parcours des jeunes loups de n’importe quel pays. Rencontré lors d’un cocktail de bienvenue à l’hôtel Holiday Inn à Montréal, les échanges qu’il a eus avec les personnes présentes étaient riches et émouvants. Ces derniers temps, plusieurs Algériens se sont mis à écrire leur mémoire sur l’histoire de la révolution. Certains s’acharnent sur des héros morts qu’ils ne pouvaient pas fixer dans les yeux en leur vivant. D’autres tentent tant bien que mal à rétablir les faits et à réhabiliter des martyrs de la première heure qui ont tout donné pour que l’Algérie se débarrasse des colons français.
Rencontre avec l’histoire
Hamou Amirouche était un jeune kabyle de 18 ans brillant qui s’est converti à la mécanique, car ses parents ne pouvaient pas payer ses études. Vu la situation qui sévissait depuis la grève des jeunes étudiants algériens, Hamou Amirouche qui activait aussi a envoyé un courrier à tous les acteurs de la révolution dont le colonel Amirouche pour leur demander de les aiguiller quant à la suite de leurs actions. Un jour, ce dernier débarque dans un village et demande à connaître un certain Hamou Amirouche. Celui-ci s’est présenté tout intimidé devant le chef sans savoir que c’était Amirouche. Après un échange rude et drôle à la fois, le colonel après lui avoir décliné son identité, le recrute comme son secrétaire particulier. Et C’est ainsi que Hamou a vécu la révolution du maquis avec un meneur d’hommes et un faiseur d’histoire qui a ébranlé la France coloniale. Se trouvant à Tunis lors de l’assassinat de Si Lhaouas et de Amirouche, Hamou a failli perdre la tête : « C’était un énorme choc pour moi et une perte terrible pour la révolution et pour l’Algérie indépendante », dira-t-il avec beaucoup d’émotion.
Le Colonel Amirouche : leader et visionnaire hors pair
Parmi les héros malmenés ces dernières années par certaines sphères baathistes rongées par la jalousie de l’aura des vrais révolutionnaires, le colonel Amirouche. Selon leurs écrits ou leurs déclarations, il a été cruel et anti-intellectuel. Et pourtant, d’autres personnes dont Hamou Amirouche qui l’ont côtoyé de très près avancent le contraire. Il était un grand leader militaire qui avait tout un poids de responsabilités sur les épaules. Il gérait l’équivalent de 8 départements d’aujourd’hui. Ce qui ne l’avait pas empêché pour autant d’être humaniste, récepteur des doléances de ses concitoyens et surtout un perspicace visionnaire : « Il se souciait de sa mère, il recevait tout le temps des gens et il est à l’origine de la création en 1957 en Tunisie d’un centre d’accueil des étudiants pour poursuivre leurs études. Et ce centre que j’ai dirigé pendant une courte période a formé beaucoup de cadres qui ont pris le relais de la gestion du pays dès l’indépendance du pays. Bref, il avait la stature d’un homme d’État que même le congrès de la Soummam a reconnu».
Hamou Amirouche, une légende à connaître
Il a attendu plus de 40 ans pour écrire sur Amirouche. L’élément déclencheur de cette décision était octobre 1988. Et pourtant, ce jeune prodige, que le GPRA a envoyé aux États-Unis pour pousser ses études plus loin, a écrit bien avant sur le colonel. C’était son premier travail académique à l’université américaine. Pour découvrir davantage cet homme, cette légende et tout ce qu’il a à nous dire sur une partie de notre histoire, il faudrait aller à sa conférence de 8 juin organisée par l’Association culturel Assedekia au centre Saint-Pierre de Montréal.