Ces jours-ci, des articles de Rue Frontenac et de La Presse ont parlé de la grande opération de séduction faite par le maire de Huntington, et qui vise à convaincre les Maghrébins du Québec à venir s’installer dans sa municipalité.

Quand la recherchiste de Christiane Charrette m’a invité à commenter cette sortie médiatique, j’étais emballé d’en découdre avec Stéphane Gendron pour mettre à l’épreuve sa proposition.

En effet, le maire de Huntington est un redoutable de la tchatche, malin et intelligent. Si on ne prend pas garde, il fait ce qu’il sait faire mieux que tout: créer la controverse. Néanmoins, pour une fois qu’un «politicien» se prononce publiquement et favorablement à l’intégration de la communauté maghrébine. J’achète!

Du coup, lundi dernier, je me suis trouvé dans un face-à-face avec le maire à l’ouverture de l’émission matinale de la première chaîne radio de Radio-Canada. [Pour m'écouter, c'est ici.]

Le maire a déballé son argumentaire. Sa municipalité est aux prises avec un grave problème de dépopulation qui lui a fait perdre près de 1 résidant sur 10 depuis 1991. Du coup, en mai prochain, il accueillera des autocars bondés de Maghrébins et servira de guide pour une visite de Huntingdon.

Jusqu’ici, c’est toute une proposition. Donc, à chaud, j’étais très emballé qu’enfin un «politicien» d’ici ose briser les préjugés pour ouvrir ses bras et accueillir des immigrants. Par la suite, avec toute l’expérience que j’ai accumulée dans le domaine, j’ai vite vu venir à la vitesse d’un TGV les prêches assassins de certains analystes qui savourent la technique de casser du sucre sur le dos des musulmans d’ici.

C’est le seul reproche que j’ai fait au maire. Il aurait dû ouvrir ses portes aux immigrants sans spécifier lesquels. Mais M. Gendron savait pertinemment qu’en jouant la carte de l’islam, il ferait d’une pierre deux coups. De la publicité gratuite à sa localité et un engouement des immigrants pour choisir Huntington au lieu de vivre une vie de misère à Montréal.

Je le répète souvent, les ennuis de la communauté musulmane sont dus à l’échec de la responsabilisation individuelle de la société d’accueil. Pire, les analystes de mauvaise foi font miroiter aux Québécois que l’intégration des immigrants c’est comme du café instantané. Tu mets du Nescafé dans un verre et tu ajoutes de l’eau pour que l’infusion prenne. Les Québécois fantasment quand ils croient recevoir à leur descente d’avion des Québécois en lieu et place de nouveaux arrivants qui devront traverser un long processus d’intégration jonché de mille et une embûches avant de se sentir bien intégrés.

La sortie médiatique de Stéphane Gendron va certes jeter de l’huile sur le feu et dopera sûrement l’islamophobie de plusieurs, néanmoins, elle est plus que bienvenue, si elle se concrétise.

Source: Journal Metro