Beaucoup d’Algériens prendront part à cette manifestation. Une autre est prévue devant le consulat algérien à Londres.



Les Algériens de Grande-Bretagne n’entendent pas rester passifs face au vent de la révolte qui souffle actuellement sur l’Algérie. Comme d’autres membres de la communauté algérienne à l’étranger, ils tiennent à exprimer leur solidarité avec les marcheurs d’Alger et d’Oran. Des appels sont lancés pour l’organisation d’un sit-in aujourd’hui devant les locaux du consulat algérien à Londres. L’information circule de bouche à oreille. Elle est surtout diffusée via Internet, par des groupes de forumistes. “La situation en Algérie nous interpelle autant que les gens qui vivent là-bas. C’est la hogra et la corruption qui nous ont poussés à fuir le pays. Des caciques s’accrochent bec et ongles au pouvoir bec et ongles alors que les jeunes sont contraints à l’exil”, observe Salah, président d’Algerian Relief, une association d’aide aux sans-papiers algériens au Royaume-Uni. Outre le rassemblement prévu devant la représentation diplomatique algérienne dans la capitale britannique, il compte prendre part à un autre, beaucoup plus important, qui aura lieu dans la même journée, à Trafalgar Square, en soutien avec les révoltes en cours en Algérie et dans les autres pays d’Afrique du Nord, dont l’Égypte, la Tunisie et le Maroc. Nos compatriotes ont été invités à rejoindre les manifestants en brandissant l’emblème national. Sous le titre “Journée mondiale d’action”, ce rassemblement est initié par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme dont Amnesty International, Human Right Watch et le réseau euroméditerranéen des droits de l’Homme ainsi que des syndicats et des associations d’étudiants britanniques. Il débutera à 12 heures. À la même heure, des rassemblements similaires se tiendront dans une vingtaine d’autres pays dont la France, les États-Unis, l’Espagne… “Nous nous mobilisons en solidarité avec les mouvements de révolte dans le monde arabe et contre les forces réfractaires au changement démocratique”, souligne Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International. Un écran géant sera installé à Trafalgar Square pour retransmettre l’ambiance qui règne à la place Tahrir, au Caire. Les manifestants seront néanmoins privés d’images concernant les marches en Algérie. “Nous ferons en sorte d’être nombreux pour faire entendre notre voix”, promet Salah. Il a pris connaissance du rassemblement par la bouche de militants égyptiens des droits de l’Homme, très actifs dans la capitale britannique. “Il y a une année, on se disputait pour un match de football. Aujourd’hui, on se rend compte que notre sort est lié”, commente le président d’Algérian Relief.

Officiellement, les autorités britanniques se sont gardées pour l’instant d’apporter leur caution à la manifestation de Trafalgar Square. Des analystes les accusent d’ailleurs d’avoir une attitude attentiste. William Hague, secrétaire d’État au Foreign Office, vient de faire une tournée dans la région Mena (Moyen-Orient Afrique du Nord). Il a notamment visité la Tunisie mais a évité de se rendre dans d’autres pays où la situation est explosive comme l’Égypte et l’Algérie. Premier responsable occidental à se rendre à Tunis après la révolte du Jasmin, le ministre britannique des Affaires étrangères s’est félicité du changement opéré. “Nous traitons la Tunisie différemment”, a-t-il affirmé, révélant en même temps l’intention de son gouvernement d’apporter au pays une assistance technique et financière pour renforcer la démocratie.

Soupçonnées d’opportunisme, les autorités du Royaume-Uni semblent en effet vouloir prendre le train en marche. “Nous espérons pouvoir drainer plus d’investissements en Tunisie où le climat d’affaires sera certainement plus rassurant”, a déclaré M. Hague. Au moment où Ben Ali tentait désespérément de garder le pouvoir, Londres, comme d’autres capitales européennes, s’est bien gardé de soutenir franchement le peuple tunisien, doutant à la fois de sa détermination et de la fragilité du régime en place. 

Source: Liberté