«L’Algérie souffre d’une insuffisance en management. C’est essentiellement dans ce domaine qu’elle attend vos compétences. Nous avons l’obligation de nous ouvrir à la modernité, aux nouvelles technologies, aux savoir-faire de pointe. Pour ce faire, vous avez un rôle à jouer», a déclaré le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à des membres de la communauté algérienne d’Ile-de-France qu’il a rencontrés hier après-midi.

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a prévenu qu’il n’était pas venu faire une campagne électorale «mais s’il faut la faire je la ferai le moment venu», a voulu tenir un langage de franchise à ses interlocuteurs. «Malgré un programme chargé, alors que la réunion sur l’Afrique n’est pas terminée, j’ai tenu à venir vous saluer», a-t-il dit pour signifier l’importance qu’il accorde à la communauté algérienne établie à l’étranger.

A un chirurgien en ophtalmologie qui lui demandait comment faire pour opérer des malades en Algérie sans qu’ils aient besoin de venir en France, M. Sellal a répliqué : «Ce n’est pas un problème de médecins, il en existe en nombre suffisant, la difficulté réside dans la gestion des équipements et des établissements hospitaliers.»
Abordant la situation en Algérie, le chef du gouvernement a affirmé que «le pays, quoi qu’on dise, traverse une phase de stabilité» et que «malgré des insuffisances, il évolue». Et de citer, à titre d’exemple, qu’en cinq ans le taux de consommation électrique a crû de 40% et de citer le chiffre de 1,4 million d’étudiants, ajoutant que l’université doit passer à une phase qualitative supérieure : «L’université algérienne doit s’ouvrir, elle est trop autocentrée.»

Et c’est là que les universitaires algériens ou binationaux sont attendus.
Abdelmalek Sellal a affirmé que les universitaires qui sont partis dans les années 1990-2000 sont les bienvenus. Instruction a été donnée pour faciliter le retour de ceux qui veulent revenir afin de reprendre leurs postes. Et aussi : «Nous avons besoin de rehausser le niveau des connaissances et des langues étrangères, dont le français.»
Au chapitre économique, «nous relançons la base industrielle que nous avons perdue et, pour ce faire, nous facilitons au maximum les investissements». A ce propos, il a invité binationaux et Algériens à s’associer à leurs concitoyens d’Algérie pour créer leur entreprise. «Développer la production hors hydrocarbures, c’est aussi redonner au travail sa vraie valeur», a ajouté M. Sellal. «Il faut que les Algériens comprennent ce qu’est le travail.»

Par ailleurs, «nous engageons une lutte contre la dictature de la bureaucratie, dont vous souffrez dans tous les secteurs», a-t-il souligné. Evoquant les relations algéro-françaises, le Premier ministre a relevé leur «décrispation» depuis la visite de François Hollande en Algérie. «La France est un pays où vivent une partie de nos concitoyens. Nous n’avons aucun problème avec la France. Nos relations sont correctes, nous ferons tout pour qu’elles le restent.»
Avec la France, «nous sommes en train de construire un partenariat gagnant-gagnant». «Nous avons besoin de remettre à niveau l’ensemble de nos structures industrielles. C’est un de nos problèmes et, pour le résoudre, nos amis et ressortissants à l’étranger peuvent nous aider.»

Au plan sécuritaire, le Premier ministre a indiqué que l’Algérie a les capacités de défense : «Nous ne sommes pas offensifs.» Et d’ajouter : «Nous sommes entourés de sept frontières, la plupart pour ne pas dire toutes sont au rouge, des pays qui ne sont pas gouvernés, traversés par des groupes terroristes ou qui nous bombardent de drogue. La seule alternative c’est le développement socio-économique.»
Et pour finir, «sachez que la volonté existe, nous devons avancer ensemble. L’Algérie est votre pays, personne ne vous l’enlèvera».

Source: El Watan - 08.12.13

Paris.
De notre correspondante - Nadjia Bouzeghrane