Cette décision est prise alors qu’une poussée inflationniste n’est pas écartée pour 2011.

Deux événements financiers majeurs ont marqué cette fin de semaine. Le premier, qui a surpris plus d’un, est l’annonce faite par la Banque d’Algérie de la mise «bientôt» en circulation d’un billet de 2000 DA, la seconde étant celle d’une possible poussée inflationniste qui pourrait être enregistrée en 2011, selon le ministre des Finances, Karim Djoudi, comme du reste prédit par le journal L’Expression dans une de ses éditions.

La Banque d’Algérie, qui a annoncé jeudi la création du nouveau billet de banque d’une valeur de 2000 DA, explique que c’est dans le but d’assurer «une disponibilité accrue» de la monnaie fiduciaire.

En effet, le Conseil de la monnaie et du crédit, réuni jeudi sous la présidence de Mohamed Laksaci, gouverneur de la BA, a édicté le règlement portant création du nouveau billet de banque, précise un communiqué de la Banque centrale. Le Conseil a également adopté le règlement «portant émission et mise en circulation» de ce nouveau billet, sans pour autant donner de date précise pour sa mise en circulation.

La nouvelle coupure, qui «circulera concomitamment avec les autres billets de banque, contribuera au rafraîchissement de la monnaie fiduciaire et à sa disponibilité accrue», précise la BA.

Cette nouvelle émission coïncide avec le 47e anniversaire de la création de la monnaie nationale, précise la BA dans un communiqué.

Techniquement, selon Abdelmalek Serraï, expert en économie, «c’est un bonne chose. Elle va faciliter le travail des administrations, de la poste, des commerçants officiellement installés et des gros négociants qui manipulent des grosses sommes d’argent.»

Contacté par nos soins, cet expert en économie explique toutefois que «le nouveau billet est une confirmation réelle d’une inflation galopante» comme il vient témoigner d’une «dévaluation vérifiable «en douceur» du dinar algérien face aux devises fortes».

Les causes sont connues pour M.Seraï qui fait part du constat que «l’industrie n’arrive pas à démarrer». En outre, a-t-il dit, le nouveau billet va aider le marché parallèle à s’épanouir encore plus vers un besoin d’épargne qui ne circule pas dans le réseau officiel.

Parallèlement, il faut considérer l’aspect psychologique au niveau du citoyen lambda qui «paiera plus cher, sans se rendre compte, le même produit» avec un glissement en douceur vers la hausse comme il avait été constaté en Europe lors du passage des monnaies locales vers la monnaie unique l’euro. L’impact de l’épargne va s’en ressentir, car le travailleur qui se déplaçait pour épargner des sommes modestes de 200, 300 voire 1000 DA hésitera à placer une si grosse somme relative de 2000 DA. Il va entraîner un désarroi chez les petits ménages à faible revenu dans leurs achats quotidiens ainsi que les petits commerçants qui vont ressentir l’effet de retour dans six mois ou une année...

Le nouveau billet qui n’a été, hélas, accompagné par aucune campagne de vulgarisation par la BA, servira toutefois à accélérer le retrait graduel des billets de 200 DA usagés de la circulation fiduciaire, a encore estimé Seraï.

De son côté, le ministre des Finances, Karim Djoudi, n’a pas écarté, jeudi à Alger, une poussée inflationniste en 2011, qui sera engendrée par les augmentations de salaires décidées par les pouvoirs publics.

Cette déclaration vient confirmer l’information donnée en juillet 2006 déjà par L’Expression dans ses colonnes qui citait Seraï (ex-expert à la BM) quant à l’inflation galopante qui menace le pays.

Selon M.Djoudi, si l’argent injecté dans le cadre de l’augmentation des salaires sera dépensé d’un seul coup par les ménages, il pourrait provoquer une pression sur la demande interne qui va se traduire par une hausse des prix de certains produits.

Pour échapper à cette éventuelle hausse des prix, le ministre préconise la transformation des rappels au titre du régime indemnitaire de 2008, 2009 et 2010 en épargne, dans la perspective d’utiliser celle-ci (l’épargne) notamment dans les dispositifs de soutien à l’accession au logement.

«Les banques ont tout intérêt à profiter de cette masse d’argent mais doivent être plus actives en termes de mobilisation de l’épargne», a-t-il préconisé, dans une déclaration à la presse en marge d’une séance de questions orales à l’APN. En 2010, l’inflation en Algérie s’est établie officiellement à 3,9% selon l’Office national des statistiques (ONS), un peu plus que les 3,5 prévus dans la loi de finances de 2010.

Source: L'Expression