MONTRÉAL – Âgée d’à peine 27 ans, la Montréalaise Elham Seyed Javad possède une clientèle internationale. Ses « hijabs sportifs » font fureur à un point tel que le gouvernement iranien envisage d’en acheter pour ses athlètes féminines en prévision des Jeux olympiques de 2012 à Londres.

Indignée que cinq jeunes musulmanes aient été exclues d’un tournoi de Taekwondo parce que leur voile contrevenait aux règlements, Elham Seyed Javad a créé, il y a trois ans, une tunique afin de faciliter la pratique d’activités sportives pour les jeunes musulmanes.

Son ResportOn est une sorte de hijab « sportif » qui retient et cache les cheveux.

Quelques mois plus tard, en 2009, la World Taekwondo Federation a modifié son règlement et a permis aux adeptes de ce sport de porter des signes religieux, tant que cela ne nuit pas aux règles du jeu. Les cinq Montréalaises bannies ont alors pu réintégrer leur équipe, vêtue d’un tout nouveau ResportOn, un moment fort en émotion pour la jeune Elham Seyed Javad.

Depuis, le téléphone l’ex-étudiante en design de l’Université de Montréal ne dérougit plus. Des athlètes du Japon, de l’Allemagne et même de l’Australie la contactent pour obtenir un de ses «hijabs sportifs».

«Je suis très fière. J’ai même créé un voile sur mesure pour la première femme musulmane à intégrer un corps de police en Australie», se réjouit la jeune entrepreneure.

Un peu de Québec en Iran

Sa toute nouvelle compagnie, ÏQO Design, est maintenant sur les rangs pour obtenir un luxueux contrat avec le gouvernement iranien, dont l’équipe de soccer féminine a de fortes chances de se qualifier pour les prochains Jeux olympiques de 2012.

«L’administration iranienne est très intéressée par notre hijab sportif. Nous bénéficions d’une bonne visibilité là-bas : j’ai fait des entrevues radio et nous avons l’appui d’un journaliste sportif affecté à la couverture des équipes nationales de sport», a expliqué la jeune femme.

«Je ne m’attendais pas à ce qui un projet d’école au départ prenne une telle ampleur».

Accommodements raisonnables?

Elham Seyed Javad tient à mettre les choses au clair: sa création n’a rien à voir avec une «histoire d’accommodements raisonnables».

«Au départ, quand j’ai lancé mon projet, l’attaché de presse de l’Université de Montréal m’a prévenue que je devais m’attendre à des réactions négatives au Québec. Heureusement, ça n’a pas été le cas», a expliqué la créatrice.

«C’est sûr que le voile peut être relié à une forme d’oppression, mais, de l’oppression, il y en a dans toutes les religions. On dit souvent que le voile exclut la femme de la société. Mon voile vient prouver le contraire».

On peut voir les créations d’Elham Seyed Javad sur son site resporton.com

Source: Canoe