Deux ans après l’ouverture de ses bureaux à Montréal, la compagnie nationale se trouve toujours dans l’impossibilité de proposer le paiement par carte de crédit à cause des règles prudentielles sévères que lui appliquent les banques canadiennes.

 

Les Algériens d’Amérique du Nord, en général, et ceux du Canada, en particulier, peuvent acheter tous les biens imaginables en payant avec leur carte de crédit. Une seule chose leur reste interdite : utiliser leur carte Visa, Mastercard ou American Express pour acheter leur billet d’avion chez Air Algérie pour prendre place sur le vol Montréal-Alger. Le seul mode de paiement qui est toléré reste le cash ou la carte de paiement électronique, mais dans ce cas, il faut que le client se déplace jusqu’à l’agence de voyages mais ne peut pas faire un achat par téléphone ou sur Internet. Dans le cas où le client veut absolument payer par carte de crédit, par téléphone, par exemple, il paiera un surplus de 3% pour couvrir les frais bancaires. Abdelaziz Laouar, représentant général d’Air Algérie à Montréal, approché par El Watan, reconnaît que c’est un réel problème qui pénalise et les clients et la compagnie elle-même. « Cette situation se traduit souvent par le glissement de notre clientèle vers les concurrents », affirme-t-il. La carte de crédit est « nécessaire, surtout pour notre clientèle habitant dans des contrées lointaines, telles que l’ouest du Canada et les Etats-Unis. Plusieurs demandes d’émission de billet sont refusées à cause de la non-disponibilité de ce mode de paiement », ajoute le représentant d’Air Algérie. Et ce n’est pas faute d’avoir tenté de se faire accepter par les fournisseurs canadiens de ce service.

« Nos différentes interventions auprès des fournisseurs canadiens de ce service ont buté sur un refus, arguant souvent que le contexte économique prévalant, caractérisé par une forte incertitude, ne les autorise pas de prendre un risque, surtout lorsque la demande émane d’une compagnie aérienne. Une prudence dictée par la faillite récente de compagnies aériennes canadiennes, laissant un passif lourd. De plus, notre implantation récente ne leur permet pas de faire l’évaluation du risque », explique Abdelaziz Laouar. « Air Algérie accommode ses clients en acceptant les chèques », assure-t-il. Air Algérie a sollicité les services de 4 fournisseurs canadiens et, à travers eux, les banques canadiennes Global Payments (co-entreprise entre la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC), la Banque nationale du Canada et HSBC), Moneris (détenue par la Banque royale du Canada et la Banque de Montréal), UNPS et la Chase Paymentech. Une source bancaire canadienne a affirmé à El Watan que « la meilleure garantie serait une caution de la Banque d’Algérie et un document de la branche européenne de Visa qui permettraient de prouver la crédibilité d’Air Algérie, puisque la compagnie nationale propose le paiement par carte de crédit en Europe. Les sommes qui seront manipulées se chiffreraient en millions de dollars et aucune banque ne suivrait sans un historique de crédit. Chose que n’a pas encore Air Algérie au Canada, puisqu’elle y est présente depuis juste trois ans ». Finalement, la solution semble exister. Reste à la compagnie de Wahid Bouabdallah de l’adopter.

Source: El Watan - Edition du 11 mai 2010