Une surveillance internationale qualifiée des élections 2008
En ce 08 mars 2008, plus de 600 personnes ont bravé le climat extrême de l’hiver canadien pour venir assister à la conférence animée au Plateau par le leader de RCD, Dr Said Saadi. Certes, il y avait beaucoup de Kabyles, mais Saadi s’adressait avec aisance et un verbe bien soutenu à tous les Algériens immigrants au Québec.

Après avoir mis l’accent sur l’importance du potentiel immigrant et de ce qu’il pourrait faire pour contribuer à l’édification d’une Algérie nouvelle, libre et souveraine, Dr Saadi a dressé un tableau noir de la situation qui sévit en Algérie dans tous les domaines. En effet, la question sécuritaire, la gestion ambigüe de la manne pétrolière, la fraude électorale, l’exercice de la vie parlementaire et l’autonomie des régions sont autant de sujets qui ont été scrutés par le leader du RCD.

Devant une situation chaotique à tous les points de vue, Saadi est persuadé que seule la surveillance internationale qualifiée pourrait assurer un scrutin fiable, capable de bloquer les tentatives de fraude qui font désormais partie de la culture d’un pouvoir archaïque incompétent et corrompu. Il est convaincu que c’est la seule option qui pourrait sauver ‘’le bateau Algérie’’ du naufrage et de garantir par la même occasion l’exercice de la vie démocratique et pluraliste au citoyen algérien. Pour le moment, selon les propos du leader du RCD, le pouvoir continue à jouer à la politique de l’autruche et surtout à manipuler ses alliés et ses médias de service pour discréditer l’opposition qui aspire à contrer ses desseins machiavéliques. Et les desseins diaboliques du régime Bouteflika ne manquent pas. Il y a d’abord cette corruption à grande échelle qui cache une mauvaise gestion des biens de l’État qui sont devenus en quelque sorte des biens d’une tribu. Que fait le régime actuel de la manne pétrolière? Comment la gère-t-il? Même les mathématiques sont incapables de résoudre l’équation Algérie. Plus le prix du baril augmente moins il y a de l’argent et plus le peuple s’appauvrit. Il y a aussi cet acharnement à réviser la constitution du pays pour assurer un troisième mandat à un président malade. Ne soyons pas naïfs, cette révision servira plutôt la mafia algérienne qui tente par tous les moyens d’asseoir une sorte de monarchie tribale entourée d’une opposition de façade qui pourrait lui assurer une crédibilité auprès de la communauté internationale. Il y a enfin cette question sécuritaire qui ne finit pas. Le régime se cache derrière les nids islamistes pour faire croire qu’il est le seul capable de protéger l’Algérie du spectre terroriste. Et c’est ainsi qu’il légitime tous les chantages avoués ou inavoués pour briser le rêve citoyen des Algériens. L’exercice de la citoyenneté algérienne est quasiment réduite à du folklore politicien. Le peuple continue à être ‘’paterné’’ par le parrain des temps révolus. Pour que cela change désormais et que le citoyen algérien ait sa place politique et citoyenne dans l’espace public, Saadi Saadi souligne qu’il est temps de faire appel aux instances internationales compétentes pour contrôler le processus électoral de 2008.

À l’issue de son intervention, l’assistance lui a posé des questions relatives à la situation sécuritaire notamment en Kabylie, à la décentralisation des pouvoirs, à l’autonomie de la Kabylie prônée par le MAK et aussi à la question de Tamazight qui patine encore, 28 ans après le printemps de 80. Saadi a répondu d’une façon sereine à ces questions tout en insistant sur l’importance de maintenir l’Algérie unie avec des régions outillées de pouvoirs autonomes de gestion. Quant à Tamazight, il a réitéré l’esprit des revendications de 80. Le sort de Tamazight, selon lui, est étroitement lié aux questions démocratiques.

En conclusion, la conférence de Saadi est pertinente et optimiste mais on peut se permettre de se demander si une opposition ligotée pourrait faire changer le cours de l’histoire dans un pays où le pouvoir en place continue à gérer les affaires de l’État avec des méthodes staliniennes tout en affichant un mépris déconcertant à toute expression citoyenne responsable.

Source: http://www.algeroweb.com