Il sert de conseiller culturel et linguiste pour aider les marines à communiquer avec les Irakiens.

Du rêve américain au rêve d’enfance. Rachid Ayouni, un Algérien de 29 ans, s’est engagé dans le corps des marines de l’armée américaine où il sert la bannière étoilée en tant que linguiste. «Quand j’étais un gosse, c’était mon rêve de servir dans l’armée,» a déclaré cet architecte de formation que rien ne prédestinait à une carrière militaire. Après avoir reçu son certificat d’acceptation dans le corps des marines, Ayouni a été déployé au Sénégal pour servir en tant qu’interprète en langue française pour l’armée américaine. Cet universitaire algérien qui maîtrise aussi bien l’anglais, le français, le berbère et plusieurs dialectes de la langue arabe, a été transféré en Irak depuis juin dernier, précisément au camp de Falloudja. En Irak, où la guerre urbaine fait rage, l’Algérien sert de conseiller culturel et linguiste pour aider les marines américains à communiquer sur le terrain avec les Irakiens «en guerre contre le terrorisme». «Je suis très satisfait dans ce que je fais», se réjouit-il. Dans sa stratégie de lutteCorporal Rachid Ayouni, linguist-cultural advisor, G-3, II Marine Expeditionary Force (FWD), helps interpret a class during a seminar at the Babil Province Police Academy in Hillah, Iraq July 12. Ayouni joined the Marine Corps after moving to the United States to give back to the land of opportunity. Photo by: Lance Cpl. Joshua C. Cox contre le terrorisme, le département d’Etat américain a opté pour le recrutement de citoyens proches des cultures locales. Un avantage supplémentaire pour les stratèges US qui souffrent d’un déficit de communication et d’un manque de connaissance au sujet d’autres cultures. «Chaque membre de service a un rôle significatif dans la guerre globale sur le terrorisme», indique-t-on. C’est également une manière d’alimenter les effectifs de l’armée américaine au moment où plusieurs alliés dans la guerre contre l’Irak ont été contraints de retirer leurs troupes du champ de bataille.

Rachid Ayouni a fait ses études universitaires en Algérie. Diplômé en architecture en 1997, il quitte le pays vers les Etats-Unis muni d’un visa de quelques mois. «C’était le terrorisme en Algérie , il n’y avait aucune perspective pour moi, je suis parti à la conquête du rêve américain...», rappelle-t-il. Installé au nord de la Californie, l’architecte gagne sa vie en faisant de petits travaux. «Je suis venu avec très peu d’argent et mon anglais était très faible» explique-t-il. «J’ai dû travailler durement dans deux postes en même temps.» Une année après, M.Ayouni s’inscrit à l’université pour poursuivre ses études architecturales. Non satisfait de sa conquête du rêve américain, Rachid cède à la réminiscence d’un rêve d’enfance: s’engager dans l’armée. «Je m’intéressais à l’armée américaine, j’ai reçu quelques lettres de la part des recruteurs, jusqu’à ce qu’un de mes collègues m’a soufflé l’idée de rejoindre les marines». Le cas de cet universitaire algérien contredit largement les rapports vagues des services américains publiés il y a un mois. Selon ces rapports, 20% des membres de la résistance irakienne sont des Maghrébins dont la plupart de nationalité algérienne. Une assertion qui aurait prêté à confusion au moment où le sentiment anti-musulman s’est particulièrement exacerbé après les attentats de Londres. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le président américain a expédié le procédé de naturalisation pour des soldats.

Ainsi, le 4 juillet 2002, George W.Bush annonce que les militaires étrangers engagés dans l’armée US pouvaient désormais immédiatement prétendre à la nationalité américaine. Au yeux de ces engagés, le risque valait la récompense: ils servent l’armée US en échange d’un produit précieux: la citoyenneté américaine. 37.000 soldats étrangers ont été envoyés au front dans la guerre en Irak grâce à ce procédé.

Source: http://www.lexpressiondz.com/T20050721/ZA4-4.htm