Abdelkader Belmouaz, un Algérien pas comme les autres, pensait en allant s’installer aux USA qu’il allait refaire sa vie après une retraite bien méritée dans la marine marchande algérienne qu’il a servie de 1970 à 1981. Un rêve d’enfant qui l’a longtemps bercé, mais qui vire au cauchemar au lendemain des attentats du WTC du 11 septembre 2001. Au matin du 8 juillet 2002, alors qu’il s’apprêtait à regagner le gymnase situé en face de chez lui, au 210, rue Paris Street à Boston, il n’en revenait pas quand il voit débarquer des agents du service de l’immigration qui l’embarquèrent sans ménagement ni explications aucune, comme un malfrat, voire un vulgaire terroriste. Un mandat d’amener va lui valoir un séjour en prison de 7 mois à Bristol County Dartmouth, bien que les lois américaines ne stipulent qu’une détention de 3 mois. Le 25 février 2003, on l’embarqua dans un avion à destination d’Alger via Milan et Boston Airport. Depuis ce jour-là et réalisant ce qui lui arrive, il n’a cessé de frapper à toutes les portes non sans avoir tenté de saisir, vainement, les services consulaires américains, fort des nombreux soutiens que continuent de lui témoigner ses élèves, ses amis et son avocat… qui multiplient des correspondances dont celles via Internet pour plaider son innocence. Victime expiatoire, car Arabe de l’après-11 septembre, Abdelkader Belmouaz, qui parle à la perfection l’américain, ne veut pas en démordre et voudrait qu’on lui explique le pourquoi de ce geste xénophobe. Aux USA, la conduite de Belmouaz, et de l’avis même de ses relations, était irréprochable quand bien même il avait essayé de s’intégrer dans cette société pour laquelle il a œuvré dans son domaine à n’apporter que des joies aux nombreux enfants. Sportif accompli, karatéka, il est entré aux USA le 11 avril 1993 à New York avec un visa en règle et ne se consacrait exclusivement qu’à son hobby, le sport. Il ne tarda d’ailleurs pas à convaincre la direction de Salesian boys and girls Club de Boston, après une éclatante démonstration. Vite adopté, Belmouaz mettra de l’ardeur et coulera des jours heureux jusqu’à ce fatidique jour du mois de juillet 2002, conséquence illogique de ce que l’Amérique venait de subir des mains d’«Al Qaîda». Entre-temps, Belmouaz fait des démarches pour l’obtention de la green card, carte de résidence, ce sésame pour lequel il a dépensé beaucoup de son temps et de son argent en ayant recours aux services de Robert Gainor, un avocat qu’il paya rubis sur l’ongle. Ce dernier, dans une lettre datée du 1er octobre 2002, lui explique les démarches qu’il était en train d’accomplir pour infléchir la décision d’expulsion, frappée juridiquement de nullité, mais les choses resteront en l’état et il n’y eut depuis aucune réponse probante. Agé de 52 ans, marié en Algérie dans sa ville natale Tiaret, Belmouaz ne sait plus à quel saint se vouer ni à quelle institution se fier. D’ailleurs, dira-t-il blasé : «A quoi servent ces consulats, ambassades et ministère des Affaires étrangères si un silence lâche est observé face à ce déni de droit.»