Après avoir brûlé le drapeau algérien, insulté les Martyrs, les autorités égyptiennes ont décidé d’inscrire l’Algérie sur une «liste noire» des pays arabes les moins sûrs au plan sécuritaire, avec l’Irak, le Yémen, la Mauritanie et la Somalie.

L’Algérie empêche-t-elle réellement l’Egypte de Mou-barak de tourner en rond? Sinon, comment expliquer que les autorités du Caire aient décidé de classer l’Algérie sur la «liste noire» des voyageurs débarquant dans un aéroport égyptien? Désormais, les voyageurs algériens à destination du Caire seront soumis à des mesures de contrôle drastiques. Pis encore, ces derniers feront l’objet d’une surveillance tout au long de leur séjour dans ce pays.
En plus de la fouille systématique au niveau des aéroports, les voyageurs algériens peuvent être soumis à des contrôles une fois les limites de l’aéroport franchies.
Certes, cette nouvelle mesure n’a pas été officiellement annoncée par les autorités égyptiennes. Mais, il n’en reste pas moins qu’elle faisait la «Une» des médias égyptiens ces derniers jours. Selon la presse du Moyen-Orient, l’Egypte a décidé d’inscrire l’Algérie sur une «liste noire» des pays arabes les moins sûrs au plan sécuritaire, avec l’Irak, le Yémen, la Mauritanie et la Somalie. Il s’agit de pays où le réseau terroriste Al Qaîda est actif, selon les explications fournies par les journaux ayant rapporté cette information. Le prétexte avancé est en rapport avec l’affaire des colis piégés envoyés de par le monde, par l’organisation Al Qaîda, selon la presse égyptienne.
Une décision qui ressemble à s’y méprendre à celle prise auparavant par certains pays occidentaux à l’instar des Etats-Unis d’Amérique et de la France.
Ce genre de mesures de contrôle exagérées envers les ressortissants algériens appellent à des réactions énergiques et rigoureuses de la part des autorités algériennes d’autant que rien ne les justifierait quand on sait que le terrorisme (islamique) est né en Egypte. En effet, les premières Djamaât El-islamya ont éclos au Caire, notamment le groupe Takfir wal Hijra fondé dans les années 70 en Egypte par Choukri Mostefa.
Aussi, mettre aujourd’hui les Algériens sur une liste noire relèverait de l’outrage. Mais le clan Moubarak n’est pas à sa première provocation. En effet, après avoir caillassé le bus des joueurs de l’Equipe nationale, un certain 10 novembre 2009 (il y a juste un an), brûlé le drapeau algérien, insulté la mémoire des Martyrs de la Révolution, voilà que les autorités égyptiennes décident d’inscrire l’Algérie sur une «liste noire» de pays (arabes) au ban de la société, car il seraient les moins sûrs de cette terre de souffrance.
Un absurde délire nationaliste à l’égyptienne. Ainsi, après le sport, la culture en passant par la politique, les Egyptiens n’hésitent pas à inventer de nouveaux scénarios pour vitupérer contre l’Algérie.
Cet entêtement du Caire contre Alger s’expliquerait-il par les dernières déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, concernant l’opérateur de téléphonie mobile, Orascom Telecom Algérie?
En effet, le Premier ministre avait affirmé que cet opérateur est redevable de la somme de 17 milliards de DA, qu’il doit régler sa dette contractée auprès d’autres parties en Algérie dont l’Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (Arpt) et régler aussi la situation des travailleurs de la société de téléphonie fixe dissoute «Lacom», dont les salaires n’ont jamais été versés, et enfin appliquer la décision souveraine de la justice concernant la plainte déposée par la Banque d’Algérie pour fraude dans le transfert et la législation des changes pour 190 millions de dollars.
Sans doute aussi par le fait que l’Algérie remet en cause le leadership égyptien et lui dénie désormais le rôle de «parrain» des pays arabes?
En fait, l’Algérie a, depuis des années, revendiqué la réforme de la Ligue des Etats arabes, dont l’un des effets serait l’instauration de l’alternance au niveau du secrétariat général, monopolisé par l’Egypte depuis la création de la Ligue en 1945.
L’Egypte se considère depuis Nasser comme le phare du monde arabe et voit l’Algérie comme faire-valoir, ne concevant pas que l’Algérie soit le porte-drapeau du tiers-mondisme. Un rôle que l’Egypte de Hosni Moubarak semble considérer lui revenant de droit. Mais ce qui apparaît évident de prime abord est que le clan du président Moubarak espère faire oublier les tracas quotidiens des Egyptiens en retournant l’opinion contre un ennemi commode (?): l’Algérie. Ce déchaînement anti-algérien risque de se poursuivre longtemps, au moins jusqu’au verdict des urnes de la prochaine présidentielle égyptienne en septembre 2011.
Le clan Moubarak a tout intérêt à maintenir cette escalade, fomentée sur la base de stratagèmes par des courtisans pour enflammer le sentiment patriotique du peuple égyptien, dont Moubarak et ses conseillers escomptent exploiter l’embrasement au profit de leur clan et de son candidat.
En agissant de la sorte, le clan Moubarak se cherche une protection et une assurance contre ce mécontentement qui couve au sein de la société égyptienne..Mais, tôt ou tard, le clan Moubarak déchantera. Le réveil ne sera que pénible.

Source: L'Expression