De loin, le chanteur arabophone le plus aimé au Québec se nomme Rachid Taha, on l'a encore vu hier au Métropolis. Les Maghrébins de Montréal étaient en infime minorité, les Québécois blancs et francophones avaient rempli la place. Les bras levés à l'orientale, ils s'éclataient. Avec raison, ils acclamaient la plus redoutable machine de rock menée par un Maghrébin établi en France. Dans la plus totale euphorie, ils célébraient avec cet artiste ayant procédé au plus solide alliage de rock et de musique algérienne, à commencer par le chaabi. Qui d'autre que Rachid Taha est allé plus loin dans cette fusion?

Ainsi donc, nous avons eu droit à tout un party, à une enfilade infernale de chants maghrébins que l'on avait couchés sur des rythmes costauds, arc-boutés sur des murs de distorsion. La séquence des chansons Ya Rayah, Medina, Bent Sahra et Barra était tout simplement dévastatrice.

Rachid n'avait pas grand-chose de neuf à proposer, remarquez, sauf un groupe parfaitement rodé, à l'image de son album enregistré sur scène en 2001. Un tracteur, un 18 roues, un bulldozer de rock. La mandole de Hakim Hamadouche et la derbouka soudaient les guitares acidulées, claviers et batterie aux sources du chanteur. L'interaction était hier à son meilleur, on ne pouvait espérer mieux en termes de cohésion. Avec un accueil aussi délirant dans la salle, il lui était impossible de donner une mauvaise performance. Sa chemise de soie noire était détrempée dès les premières minutes, c'est dire la forme du chanteur. Tout un party, je vous dis.


Photo Yvanoh Demers, La Presse



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