«On peut encore beaucoup inventer en matière d’information à la télévision.»
Christine Ockrent "Extrait de Les Dossiers de l’Audiovisuel"
Le nouveau programme d’Al Jazeera-Sport intitulé «Avec du fair-play» (bikoul rouh riyadhia) animé par Hafid Derradji, soulève depuis quelques jours une grande polémique dans la chaîne et relance surtout la guerre médiatique entre l’Algérie et l’Egypte.
Hafid Derradji avait organisé une émission dans le but de réconcilier les médias égyptiens et algériens. L’émission qui a très bien débuté, s’est très vite transformée en débat houleux entre les deux invités, l’Egyptien Amer Kamel et l’Algérien vivant au Liban Yahia Zakaria. Les téléspectateurs ont eu droit à une violente altercation verbale entre les deux invités en fin d’émission, digne des grands face-à-face de la chaîne mère Al Jazeera et ses programmes polémiques Bila Houdoud et Al Itijah El Mouakiss.
L’émission a eu tellement d’audience qu’elle a été rediffusée à plusieurs reprises sur la chaîne et en clair. Selon un spécialiste, cette polémique est parfaite pour faire un «buzz» (publicité médiatique) pour lancer ce nouveau programme. L’invité algérien, qui maîtrise aussi bien la politique des médias que les rouages de la presse sportive, a réussi à perturber sérieusement l’invité égyptien, l’entraînant parfois sur des sujets politiques et médiatiques très sensibles, lui donnant à la fois des cours de diplomatie, de démocratie et de communication.
Il reviendra, notamment sur les arrière-pensées diplomatiques de l’intervention du président Moubarak à l’Assemblée et l’implication directe de certains hommes forts du régime cairote dans la campagne anti-algérienne. Yahia Zakaria a réussi à perturber l’invité égyptien en mettant l’accent, notamment sur l’impact du message audiovisuel des télévisions satellitaires égyptiennes qui sont regardées par toute la planète par rapport à la presse écrite algérienne. L’intervenant algérien a, notamment déstabilisé l’invité égyptien en évoquant le bon choix des médias lourds algériens (radio et télévision) qui ont adopté une attitude silencieuse face à la campagne médiatique égyptienne acharnée.
La réponse du rédacteur en chef de la Revue égyptienne n’a pas convaincu l’invité algérien qui l’a obligé à pousser à bout l’Egyptien Amer Kamel, qui explosa de colère et a failli en venir aux mains avec Yahia Zakaria qui brandissait calmement le petit drapeau algérien. Toute cette zizanie s’est déroulée en présence et sous la houlette de Hafid Derradji qui laissa faire, visiblement pour réchauffer le plateau et surtout faire l’audience. Une attitude qui provoqua la colère des téléspectateurs égyptiens qui ont accusé la chaîne qatarie de fomenter un complot médiatique contre l’Egypte et surtout de vouloir ressortir une affaire visiblement classée par les Egyptiens après avoir battu l’Algérie 4 à 0 et remporté la Coupe d’Afrique pour la 3e fois consécutive.
Néanmoins, ce programme thématique et parfois même politique d’Al Jazeera Sport, a jeté les bases de son fondement et a démontré surtout qu’avec les moyens et la volonté politique, les journalistes algériens Hafid Derradji, Khadidja Benguenna, Feyrouz Ziani, Leïla Smati, ou encore Rabah Madjer sur Al Arabya ou Leïla Bouzidi sur Medi 1 Sat, ont démontré qu’ils sont parmi les meilleurs ambassadeurs du monde arabe en matière de communication et d’audiovisuel.
Source: http://www.lexpressiondz.com/chron/2010-04-19/3/3212.html
