Le secrétaire général à la FIFA, le français Jérôme Valcke, nous explique les dernières décisions prises par l’instance internationale de football, notamment concernant notre sélection nationale.
M. Valcke, expliquez-nous cette histoire de cartons jaunes qui seront effacés lors de la coupe du Monde ?
C’est une question pertinente, sur laquelle on dit beaucoup de choses. Certaines sont vraies, mais malheureusement, la plupart sont fausses.
En fait, rien n’a été décidé. Je m’explique : plusieurs membres du comité exécutif sont contre l’effacement des cartons jaunes à la coupe du Monde. Pour eux, remettre les compteurs à zéro voudrait dire que les cartons jaunes ne serviraient plus à rien, autant les supprimer et jouer un football sans avertissement. C’est leur avis, il est basé et bien argumenté en plus, c’est pourquoi et il faut le respecter.
Vous voulez dire que leur avis pourrait être pris en considération ?
Nous allons étudier cette question lors de notre prochaine réunion du comité exécutif. Leur avis sera entendu, puis étudié et en prendra ensuite les décisions qui s’imposeront. Je parle bien sûr de la coupe du Monde et non de la CAN. La coupe d’Afrique est une autre histoire et un autre débat.
Quand vous dites qu’il y a des membres qui sont contre l’annulation des cartons, cela veut dire qu’il y a un autre groupe qui est pour. Comment vous allez départager entre les deux ?
Ce n’est pas la première fois qu’on tombe sur un cas pareil. Notre rôle c’est de trouver la meilleure solution possible à ce problème. En prenant en considération tous les avis, nous n’allons négliger personne. Notre priorité, c’est le jeu, c’est le football.
Quel est votre avis personnel sur la question ?
Mon avis, je le dirai lors la prochaine réunion du comité exécutif.
Dites-nous alors quelle sera la solution la plus plausible ?
Il y a un avis que je trouve personnellement intéressant, c’est purger pendant la CAN, c'est-à-dire, qu’un joueur qui a deux cartons, pourra purger lors de la coupe du d’Afrique des Nations.
Passons à autre chose et plus précisément aux incidents du Caire. Question directe : allez-vous sanctionner l’Egypte ?
La FIFA ne prend pas à la légère ces affaires-là. Vaut mieux prendre son temps, pour ensuite prendre une bonne décision que de précipiter les choses et léser une des deux parties. Vous savez, j’ai des tonnes de dossiers sur mon bureau, j’ai même des cailloux algériens et d’autres égyptiens. J’ai reçu dans mon bureau M. Raouraoua ainsi que M. Zaher. Maintenant, laissez-nous le temps d’étudier tout ça, afin de prendre la bonne décision.
Et ça sera pour quand ?
Ça sera après la CAN. Le comité exécutif se réunira à la mi-février, jusque-là, aucune décision ne sera prise dans ce dossier.
Peut-on connaître la nature de ces sanctions ? Si sanction y aura bien sûr…
Les lois de la FIFA détermineront les sanctions. Ça pourrait être une sanction financière, c'est-à-dire une amende. Ou le huis clos, si on juge que le public est à sanctionner. Sinon, nous allons décider de réduire le nombre de public pendant les compétitions officielles, comme on l’a déjà fait avant avec la Côte d’Ivoire.
Il y a une question qui nous brûle les lèvres et qu’il faut absolument qu’on vous la pose. Il y avait du sang algérien coulé en Egypte. Le sang des joueurs, mais aussi des supporters algériens. Pourquoi n’avoir pas annulé le match, ou au moins le reporter…
(Il nous coupe) Vous pensez vraiment qu’annuler le match, ou le reporter aurait été une bonne idée ? Non, vous vous trompez énormément. Nous avons pris la bonne décision. Une décision sage qui nous a évité plus de sang.
Que voulez-vous dire par là ?
On a évité une guerre civile ! Je suis sûr et certain, que dans le cas où nous aurions décidé de reporter le match, il y aurait d’autres incidents plus graves. Il y avait des supporters algériens au Caire non ? Que vont-ils faire en Egypte sans le match ? Que feront les Egyptiens en apprenant que le match qu’ils ont tant attendu a été annulé ? Je pense avoir pris la bonne décision et c’est l’avis des officiels algériens, comme égyptiens.
Quel a été le rôle des responsables des deux pays dans cette décision ?
Très important, capital même. Pour votre information, nous avons parlé à M. le ministre des Affaires étrangères algérien et son homologue égyptien après les événements du caillassage du bus algérien. Et la décision de maintenir le match a été prise ensemble, c'est-à-dire, en concertation avec les chefs de la diplomatie des deux pays.
Source: http://www.competition.dz/article.php?art=6825