Une séance dédicace impressionnante à Montréal

Au lendemain d’un spectacle mémorable à l’Olympia de Montréal le 2 juin 2012, Lounis Ait Menguellet a rencontré ses admirateurs au café Tikjda. Ce café, qui est habituellement réservé aux hommes au point de l’appeler un endroit masculin pluriel, est un endroit peu fréquenté par la gent féminine. En effet, c’est rare de percevoir un ombre d’une femme à l’intérieur. Cependant, pour manifester cette admiration sans faille que des milliers de fans vouent à Lounis, beaucoup de familles kabyles ont dérogé à cette règle pour faire plaisir à leur idole. Cette tradition conservatrice voire rétrograde qui reproduit les mêmes schémas du pays d’origine à Montréal scandalise pas mal d’Algériens et surtout d’Algériennes qui la rejettent même en Algérie, mais sans pour autant pouvoir s’en débarrasser. Donc, malgré  le tour des cyclistes de Montréal qui a pratiquement bloqué presque tous les accès vers le café, des centaines de Kabyles sont venus avec leurs femmes, leurs filles ou leurs amies pour voir Ait Menguellet. L’artiste mérite non seulement le déplacement un samedi après-midi, mais aussi l’expression la plus noble et la plus sincère de l’accueil kabyle. Les Kabyles ne font pas les choses à moitié quand ils le veulent. Cette fois-ci, ils ont été à la hauteur de la grandeur de leur chanteur préféré.

Vers 15h de ce 3 juin 2012, des centaines de personnes ont commencé à déferler sur le petit café Tikjda. Le propriétaire n’en revenait pas : «  Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde », dira-t-il. En effet, les organisateurs étaient dépassés par le nombre de personnes qui ne cessait de se multiplier. Ces dernières sont venues des États-Unis, des autres provinces canadiennes et bien entendu des autres régions du Québec. Elles veulent acheter le dernier album de Lounis et immortaliser un moment privilégié à ses côtés par une photo, une dédicace et pourquoi pas une courte vidéo.

Installé à l’arrière cour du café, Ait Menguellet s’est adonné au jeu de dédicace, photos, sourires et échanges avec certaines personnes qui étaient en larme à cause de l’émotion. En effet, des moments forts ont marqué les présents comme cette femme qui pleurait en parlant à Lounis de son frère qui adorait l’artiste, ou Ami Tahar qui est sorti de l’hôpital spécialement pour le rencontrer et prendre une photo avec lui. Sans oublier toute une délégation de jeunes kabyles venus des États-Unis qui s’empressaient de saluer l’artiste avant d’entamer un long trajet de retour chez eux.

En l’espace de 3 heures, ce modeste café s’est transformé en un endroit féerique grâce aux émotions que dégageait la foule toujours attachée à ses racines kabyles et fidèle à l’un des grands artistes kabyles qui ont marqué son parcours de vie. L’aura et la présence de Ait Menguellet ont fait voyager les présents au vrai site naturel de Tikjda des montagnes du Djurdjura. Après le départ de Lounis, le café s’est vidé de toutes les femmes et le rituel masculin a repris le dessus sur le reste. Comme quoi le voile des cerveaux est pire que celui qu’on pourrait voir ou avoir sur la tête.


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