Un début de controverse sur les antécédents judiciaires de Cheb Mami menace de faire annuler le concert qu’il devrait donner le 28 novembre prochain dans le cadre du Festival du monde arabe (FMA) de Montréal.

Selon, Joseph Nakhlé, le directeur général du FMA, cité par le quotidien Le journal de Québec , « si cette controverse se poursuit, le FMA pourrait réévaluer sa décision quitte à annuler l'événement. Je ne veux pas laisser cette affaire nuire aux orientations du Festival ». 

La polémique lancée par le journal n’est qu’à son début, mais son effet risque d’être fatal pour la participation du prince du Rai au FMA.
On ne joue pas avec les droits des femmes ou avec la violence faite aux femmes dans la province francophone, même après avoir purgé sa peine.

Au printemps dernier, l’annonce de la programmation du chanteur français Bertrand Cantat dans une pièce théâtrale de Wajdi Mouawad a provoqué un tollé qui a abouti à l’annulation de la participation du chanteur à la pièce, du moins à Montréal.

Le chanteur français a été condamné à 8 ans de prison par la justice lituanienne pour le meurtre de sa champagne Marie Trintignant. Il avait purgé sa peine.

Pour le cas de Cheb Mami qui a été condamné par la justice française pour avoir ordonné une tentative d’avortement qui a échoué, les réactions commencent à se faire entendre.

La ministre de la Culture et de la Condition féminine du Québec, Christine Saint-Pierre , a affirmé au même journal que « toute violence faite aux femmes est inacceptable. Pour ce qui est du contenu artistique, la ministre de la Culture n'a pas à s'immiscer dans les choix artistiques. C'est au Festival de justifier son choix artistique. ».

Sur facebook , les premières réactions viennent des membres de la communauté. Si certains sont indulgents avec Mami et trouve qu’il a déjà payé pour ce qu’il a fait, un observateur algérien de la scène québécoise trouve qu’«en invitant ce chanteur , le FMA en fait un ambassadeur de la culture arabe. Le repentir , la réhabilitation , la peine purgée , bien sûr. Mais lorsqu’ il s'agit de montrer au Québec, le meilleur d'une culture, on a le devoir d'être cohérent... Et j'insiste sur le mot Culture. Il porte en lui la somme de nos attitudes. Cette culture a certainement mieux à proposer qu'une "belle voix " aux mains sales. Parce que, dans ce contexte particulier (c'est vrai dans d'autres aussi), l'artiste la décrit , la dépeint , la raconte , la porte. Dans cette histoire, j'ai le sentiment qu'on se tire dans le pied, en faisant au Québec une proposition artistique qui confirme les préjugés et les stéréotypes qui courent. ».

Ironiquement, le journaliste qui a lancé la polémique est d’origine tunisienne. Ca enlèvera certainement quelques munitions à certains chroniqueurs de droite. Et on ne pourra pas, alors, mettre tous les Maghrébins dans le même sac….

Source: El Watan