Pour la première fois depuis l’Indépendance, la Télévision algérienne ne diffusera pas de moussalssalate masrya sur sa grille de Ramadhan.

 

Malgré les tentatives de réconciliation des Égyptiens, la Télévision nationale a maintenu son boycott des productions audiovisuelles égyptiennes, suite à la campagne acharnée des télévisions privées et publiques égyptiennes contre l’Algérie. L’Entv a, pour la première fois depuis l’Indépendance, décidé de ne pas diffuser de moussalssalate masrya sur sa grille de Ramadhan, puisqu’elle jeté son dévolu sur la production syrienne, au moment où plus de 26 feuilletons égyptiens sont programmés pour le mois de Ramadhan sur les chaînes arabes. Cette décision a été prise sur pression exercée par les millions de téléspectateurs algériens qui n’ont pas apprécié le caillaissage, du bus de l’Equipe nationale de football au Caire, un certain 12 novembre 2009 et encore moins que des Egyptiens brûlent le drapeau algérien et insultent nos valeureux martyrs.

Officiellement, la nouvelle grille de Ramadhan n’a pas été révélée, mais nous dévoilons dans ce dossier l’ensemble des productions arabes et algériennes qui seront diffusées par l’Entv.

Selon certaines informations, trois feuilletons syriens ont été acquis par l’Entv à coups de dizaines de millions de dollars. Parmi ces feuilletons on notera l’adaptation de l’oeuvre d’Ahlem Mostaghanemi et de son oeuvre Dakirat Al Jassad (la Mémoire de la chair), dont le tournage se poursuit ces jours-ci à Constantine. Interprété par la vedette syrienne Djamel Souleiman et la chanteuse algérienne Amel Bouchoucha, Dakirat Al Jassad raconte l’histoire de Khaled, un ancien moudjahid, qui a choisi l’exil. Devenu à Paris un peintre célèbre, une femme le rappelle à son passé: Hayat, la fille de son ancien chef de maquis, qu‘il a connue lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Mémoire de la chair est avant tout une oeuvre littéraire majeure, récompensée par le prestigieux prix Naguib Mahfouz et le prix Nour de la meilleure oeuvre féminine en langue arabe. Plus qu’ un roman, c’est un hymne à une ville ancestrale: Constantine, Ksantina, Cirta, la ville des Ponts, le Vieux Rocher...autant de noms qui chantent la cité adulée et blessée, symbole d’une Algérie meurtrie par des années de guerre et le tragique échec des idéaux révolutionnaires de l’indépendance. L’Entv a tenu à casser la tirelire pour s’approprier ce feuilleton qui parle à la fois de l’Algérie et de son histoire cachée. Ce feuilleton sera probablement diffusé en prime time (entre 21h et 21h30) comme la série dramatique du Ramadhan en l’absence de feuilletons algériens de qualité. L’Entv a programmé également deux grandes superproductions religieuses syriennes: Laylat Soukout Gharnata interprété également par le Syrien Djamel Souleiman, le Marocain Mohamed Miftah et l’Egyptien Samer El Masry. Mais le plus grand travail artistique demeure le feuilleton Kaakaa, qui est considéré par les spécialistes comme la plus grande production historique syrienne et arabe puisqu’il a été tourné au Maroc avec les meilleurs cascadeurs espagnols et en Inde pour des décors pharaoniques. Ces feuilletons arabes seront probablement programmés sur le canal A3, à destination du téléspectateur arabe, alors que pour Canal Algérie et la terrestre Entv, on optera probablement pour un programme national, probablement le feuilleton de Messaoud Laïb Le dernier souvenir, écrit comme d’habitude par sa femme Fatima Ouzane.


Vive la caméra cachée
L’humour constitue néanmoins la part belle de la grille du Ramadhan. Il est partagé entre caméra cachée et le sitcom. Cette année, trois caméras cachées sont inscrites au programme: la plus attendue est Wach Dani de Djaâfar Gassem, qui revient à la caméra cachée après deux saisons de Djemai Family et un feuilleton dramatique.

Sa première caméra cachée avait fait un tabac avec Mourad Khan et Didi Hassen.

Cette fois, le réalisateur le plus talentueux de sa génération, nous revient avec une caméra cachée très audacieuse, avec comme principe: piéger des stars. Son complice est Hakim Zeloum, une étoile montante de la comédie algérienne qui s’est illustré dans la version algérienne de Un gars et une fille et surtout dans le rôle du mendiant dans la série Djemai Family. Wash Dani qui sera diffusé juste après le Ftour a piégé plusieurs stars parmi lesquelles Rabah Saâdane, Antar Yahia, mais aussi la grande comédienne syrienne du film Errissala, Mouna Wassef et toute une pléiade de comédiens algériens. Mais d’autres caméras cachées sont attendues, notamment celle réalisée par Ahmed Titach, ancien assistant de Hadj Rahim dans la première caméra cachée de la télévision algérienne. Côté sitcom, en l’absence de la Famille Djemai et Hadj Lakhdar, c’est la série Madjnoun télévision, réalisée par Kamel Bennabi, qui est très attendue par les téléspectateurs. Elle met en vedette pour la première de sa carrière, Farid le Rockeur, qui est présenté comme un fou de la télévision. Farid le Rockeur a toujours joué la doublure des vedettes télé comme Djalti, Kamel Dynamite, Souileh ou encore Biyouna. Cette fois, il campe un rôle à sa grosse mesure. L’autre sitcom attendu est signé Hadj Rahim et s’intitule Zouadj lila oua tadbirtou aâm, avec une pléiade de comédiens de la scène audiovisuelle: Atika, Zeouani Radjaai et Smaïl Aïssaoui. Le sit com reprend le principe de la série Souk Hadj Lakhdar avec presque les mêmes comédiens. Mais le sitcom le plus fou et le plus déjanté c’est Saad El Guat réalisé par Yahia Mouzahem avec en vedette, Mohamed Bouchaïb plus célèbre sous le nom de Aristo dans Djemai Family. Les sitcoms venus de l’Est sont également très présents dans la grille, à l’image du grand retour de la série Aassab oua Aoutar de l’un des plus anciens réalisateurs sur la scène audiovisuelle algérienne, Mohamed Hazourli et toute l’équipe de la série: Antar Hellal, Rachi Zaghmi, Nawel Zaatar, Abdelhamid Habbati, et quelques nouveaux visages issus de l’association théâtrale de Constantine «Mesrah El Belliri». Il y aura le grand retour de Djeha avec Hakim Dekkar, mais aussi la série Sur la ligne (Aala Khat) de Mehdi Abdelhak avec en vedette, l’inamovible Bakhta. Côté programme culinaire, la société de Riad Redjdal propose une émission culinaire branchée, copiant le principe de Canal+. En effet, l’émission Rass El hanout, verra la présentation d’un plat avec un chef maghrébin venu de France, avec comme animatrice l’ex-employée de l’Entv Salima Abada, devenue depuis une star de la chanson branchée. Sur la chaîne coranique, on retrouvera une nouvelle série éducative et religieuse intitulé Nass oua Nass, produite par le réalisateur d’El Fhama, Mohamed Sahraoui avec comme vedette Hamid Achouri, Madani Naâmoun, Samira Sahraoui et Farida Krim.


Le peuple a tranché
En l’absence de Slimane Bakhlili en conflit avec l’Entv, c’est Bilal Djaâfar, un jeune diplômé en science islamique, qui présentera cette année l’édition de Forsan El Qoran. En définitive, la grille TV du Ramadhan 2010 est très riche. Une diversité audiovisuelle qui va sûrement donner un aperçu de l’Entv version Leulmi, sachant que l’année dernière, la Télévision algérienne avait présenté un programme lancé déjà par HHC avant son départ. La grille du Ramadhan 2010 signera définitivement l’alternance du changement avec de nouvelles règles en perspective. En effet, l’Entv, depuis l’arrivée de Leulmi en novembre 2009, a procédé aux appels d’offres publics pour choisir ses programmes. Vingt-deux ont été choisis par la commission interne de l’Entv. Le directeur de la Programmation de l’Entv, Mustapha Khelifi, qui se charge de vérifier la qualité des productions aura la grande responsabilité de programmer toutes ses productions sur la grille de Ramadhan 2010 et, contrairement aux années précédentes, plus de la moitié des programmes PAD (prêt à diffuser) ont été réceptionnés par l’Entv. Reste au public de juger.


Source: L'EXPRESSION