Dans le cadre de cette guerre des médias sociaux que se livrent les petits partis pour tenir tête aux rouleaux compresseurs des partis traditionnels, j’ai reçu des invitations pour découvrir Les «sans-parti»!



Sur le coup, ça m’a interpelé. Quand j’ai appris que ce parti annonce dans ses tracts qu’il ne veut pas le pouvoir, mais qu’il l’offre au peuple, je me suis dit, soit ils sont fous, soit ils sont des extraterrestres.

Pour en avoir le cœur net, j’ai visité leur site web pour décortiquer leur littérature. Dès la page d’accueil, dans leur pub télé, qu’ai-je découvert? Christian Bégin! Le gars de Curieux Bégin, à Télé-Québec, et de Trauma, à Radio-Canada, est leur porte-parole! En scrutant la liste de leurs 29 candidats, je suis tombé sur un nom qui sonne maghrébin. Amal Bouchentouf se présente dans la circonscription Mont-Royal. Rapidement, un rendez-vous a été pris via FaceBook. On a échangé nos numéros, et ce lundi, à huit jours du vote, on s’est retrouvé à la terrasse de la Brûlerie Côte-des-Neiges. Un après-midi nuageux, chaud et humide pour parler politique, il fallait le faire.

Premier préjugé qui tombe: alors que je m’apprêtais à rencontrer une militante d’origine marocaine, car les Bouchentouf sont très connus à Casablanca, au Maroc, il s’est avéré qu’Amal est plutôt d’origine algérienne. Les Bouchentouf font légion aussi en Algérie!

Sans préliminaires, la candidate est entrée dans le vif du sujet! Il y a 20 ans, son diplôme d’ingénieur réussit, cette Oranaise de naissance a gagné le Québec comme étudiante étrangère. Une fois sa maîtrise à Polytechnique en poche, elle s’est installée définitivement ici.

Alors pourquoi la politique? La candidate Amal s’est impliquée au milieu des années 1990 comme bénévole dans un organisme communautaire. Rien de plus. Mais, au milieu des années 2000, elle a subi une grande injustice. Une douloureuse expérience personnelle lui a fait découvrir les aberrations et failles de notre justice, la face cachée de notre système politique, selon elle.

À son insu, Amal Benchentouf s’est retrouvée dans un combat de David contre Goliath pour défendre les droits des enfants et de la famille. Sa volonté de vouloir changer les choses s’est cristallisée.

D’apparence calme et posée, dès qu’Amal parle de son combat politique, son visage devient grave et ses mots jaillissent comme un magma. La battante en elle se manifeste. «Nous subissons un déficit démocratique au Québec à cause de l’absence d’une constitution qui protège le citoyen contre les abus de pouvoir en place», n’a cessé de me répéter durant notre rencontre la militante de la Coalition pour la constituante.

De son combat contre l’injustice sont nées des rencontres avec des militants des droits civiques québécois. Des gens engagés de toutes les origines et de toutes les tendances politiques. Logiquement, elle a fini par rejoindre ce groupe qui a fondé dernièrement les Sans-parti.

Il n’y a aucun doute, Amal Bouchentouf est en mission avec les membres de sa Coalition. Ils croient dur comme fer à leur cause : «les Québécois ont perdu confiance dans leurs représentants parce qu’ils constatent que leurs élus placent l’intérêt de leur parti et des compagnies privées avant l’intérêt des citoyens».

La solution? «Réaliser une réforme démocratique qui redonne le pouvoir aux citoyens». Comment? «Changer le système politique en adoptant une nouvelle constitution.»

Pour Amal Bouchentouf et son parti, une constitution garantira la séparation des pouvoirs politique et judiciaire. «On n’aurait plus la possibilité de bâillonner les citoyens et de faire passer des lois d’exception dans différents domaines, martèle-t-elle. Par exemple, on n’aurait pas laissé passer la loi 78 que Jean Charest a imposée, car elle aurait été considérée anticonstitutionnelle et antidémocratique. De la même façon que la loi qui va permettre à Pierre-Karl Péladeau de se faire construire un amphithéâtre à Québec.»

Alors comment se passe la compagne de la candidate? Sans budget et avec peu de moyens, Amal Bouchentouf compte sur l’aide de sa mère, des voisins et de quelques amis. Très actifs sur les médias sociaux, ils maximisent leur utilisation de l’Internet pour réduire les frais.

Après deux heures de discussion, en quittant la candidate Amal Bouchentouf, j’étais songeur dans ma voiture. Notre Belle Province est-elle en train de sortir de son hibernation?

Source: Journal Métro - 28 aout 2012