Une dame immigrée ici en 2010 peine à régler ses papiers après un violent incendie qui a tout emporté
Une résidente de Longueuil éplorée par la perte de son fils et de son mari lors d’un violent incendie il y a six mois est désemparée par les dédales administratifs engendrés par le drame.
« J’ai tout, tout perdu. Je fais juste pleurer. Je suis toute seule. Je souffre », a confié Nadjia Remana Loiselle, avant de fondre en larmes. Elle venait de raccrocher le téléphone au terme d’une énième discussion avec un fonctionnaire qui tentait tant bien que mal de la guider parmi ses nombreux documents éparpillés.
« C’est comme ça tous les jours. Je suis épuisée », poursuit celle qui a annulé ses rendez-vous de la semaine, tellement elle se disait à court d’énergie.
Le 30 juin dernier, la femme de 45 ans a vu brûler le jumelé rue Cuvillier Est, à Longueuil, dans lequel étaient piégés son mari Guy Loiselle, 69 ans, et leur fils unique Antoine, 11 ans.
Par la fenêtre
Ce matin-là, la Québécoise d’origine algérienne se préparait dans la salle de bain avant d’ouvrir sa garderie en milieu familial.
« J’ai entendu POUF ! J’ai ouvert la porte, puis je n’ai vu que du feu, se rappelle avec émotion Mme Remana Loiselle. Je n’ai pas eu d’autre choix que de me lancer du 2e étage. »
Le jumelé, rue Cuvillier, à Longueuil, où elle habitait avec sa famille a été réduit en cendres, le 30 juin dernier.
Gravement brûlée et intoxiquée par la fumée, elle aurait réussi à crier à l’aide. On l’aurait toutefois empêchée de retourner secourir les siens, coincés à l’intérieur.
Elle aurait ensuite perdu connaissance avant de tomber dans le coma.
Quelques jours plus tard, à son réveil, on lui a appris que les deux hommes de sa vie ne s’en étaient pas sortis. Les flammes avaient aussi réduit en cendres la bâtisse.
« Antoine était tout pour moi, toute ma vie. On était une famille soudée », confie-t-elle, tremblante. Elle décrit son fils comme un jeune homme brillant, qui excellait à l’école, aimait le hockey et aspirait à devenir journaliste.
« Je lui avais promis qu’on irait voir un match au Centre Bell. Je n’ai pas pu, dit-elle. Je donnais tout à mon fils. Je me privais pour qu’il ait ce qu’il y a de mieux. »
Souvenirs jaunis
Les murs du petit appartement où elle réside désormais seule sont tapissés de photos de son mari et de son fils disparus.
La voici sur une photo souvenir avec son fils, Antoine, et son mari, Guy Loiselle.
Parmi les rares souvenirs extirpés des décombres, la dame chérit la montre de son fils et un cliché jauni de son mari souriant derrière la poussette de leur bambin.
Depuis, la dame qui a immigré ici en 2010 ne voit pas quand elle pourra se reposer. Éreintée, elle multiplie appels et courriels, même si certains détails lui échappent, elle dont le français est la deuxième langue.
« Je suis complètement désemparée avec ce que je vis, dit-elle. Je gère tout un stress. Je ne comprends pas tout le temps. »
La succession, les dettes de son mari, les assurances habitation, les preuves, les factures, l’enquête policière qui est toujours en cours : elle se sent démunie.
Documents détruits
« C’était mon mari qui s’occupait de tout. On me demande des papiers que je n’ai pas. Tout a brûlé », laisse-t-elle tomber, face à l’inhumanité de certaines demandes.
Après l’avoir aidée l’été dernier, une connaissance de Mme Remana, pourtant habile avec la paperasse, a même capitulé à cause des procédures laborieuses qui ne cessent de se multiplier
« Ça ralentit son deuil », déplore son neveu Malik Remana, 32 ans, venu installer pour sa tante un abri pour l’hiver.
« Même dans une circonstance ordinaire, ce serait complexe. Mais là, ça n’a aucun sens. C’est intense. Je sais que tout le monde fait son travail, mais ça tourne le couteau dans la plaie », conclut-il.
Une campagne de sociofinancement a été créée afin de venir en aide à Mme Remana Loiselle.
https://www.journaldemontreal.com/2022/12/29/son-mari-et-son-fils-morts-brules