Sujet sensible, tabou, délicat, déplaisant… mais qui existe. Dans certains couples, c’est l’enfer côté sexualité. Et ils ne peuvent pas en parler à leur entourage, parfois même pas entre eux tellement le sujet n’est pas facile à aborder. Surtout dans une société où on ne remet surtout pas en question la virilité de l’homme !

Pas toujours rose !

La vie à deux est loin d’être un long fleuve tranquille. Le plus amoureux des couples a des sujets de désaccord et quelques petites disputes. Mais que se passe t-il lorsque, le problème est plus intime ? Car ce n’est pas un sujet dont une lady va parler, même avec ses plus proches copines ou sa mère, encore moins chez le coiffeur. Les cas se suivent et ne se ressemblent pas. Pas facile de faire témoigner celles qui en souffrent, c’est pourquoi tous les prénoms ont été changés.

Nadia se souvient de l’année de ses 22 ans. La jeune femme rencontre le « prince de ses rêves ». Attirance, amour, puis mariage. Nadia suit son mari en Asie. La jeune femme est loin de se douter que c’est le début de l’enfer. « Le soir de la nuit de noces, il m’a gentiment embrassée avant de se coucher. J’ai mis cela sur le dos de la fatigue. Pendant la nuit de noces, il était très attentionné, mais me tournait le dos pour dormir. J’ai pensé qu’il ne voulait pas me brusquer » Les larmes aux yeux, Nadia se rend à l’évidence et arrête de chercher des raisons valables. Le jour où elle lui en parle, il la bat jusqu’au sang. Seule et sans ressources, elle donne du temps au temps. Mais chaque fois que le sujet est évoqué, c’est une avalanche de coups et d’insultes. « Je ne pouvais pas y croire, il était beau, gentil et je n’ai pas osé en parler ». Quand Nadia prend son courage à deux mains, sa mère ne veut rien entendre : une femme du monde ne parle pas de ce sujet. Sa belle famille, elle, la traite de tous les noms : elle a commis l’irréparable ; remis en question la virilité de leur rejeton. Nadia se bat et obtient le divorce.

Bouchra est mariée depuis huit ans. Si tout roulait comme sur des roulettes au début, sa vie intime a basculé à la naissance de leur enfant. « C’est comme si on avait rempli la tâche d’enfanter et qu’on n’avait plus besoin de se retrouver à deux ». Quand elle lui en parlait, il lui répondait de se concentrer sur son rôle de mère. La gorge serrée, Bouchra confie qu’elle sait bien que Monsieur multiplie les aventures et qu’il ne s’agit nullement d’un problème physique.

Soumaya a un autre genre de soucis. Même s’il y a beaucoup d’amour dans son couple, le courant n’est jamais passé sexuellement. « C’est vrai qu’on a fait des enfants, mais de manière très mécanique ». Hanane baisse les yeux et nous dit que son mari lui a avoué un jour avoir un côté homosexuel, et qu’il s’est marié « parce qu’il est arrivé à l’âge où son entourage n’attendait que ça »

En parler ?

Il ne faut pas forcément s’alarmer. Il arrive que le couple traverse une période sans intimité : stress, enfants, fatigue… On peut passer du temps en se retrouvant sous la couette uniquement pour dormir. Cela peut reprendre de plus belle.

Le souci, ladies, est que quand cela dure, ou quand cela n’a jamais été au top. Et plus grand souci, c’est qu’on n’a presque pas le droit d’en parler. Notre chère société maghrébine choisit de regarder ailleurs. Pire, une femme qui parle de ça est jugée impure et malpolie de révéler les secrets de son mari. Et bien sûr, la famille rejette forcément la faute sur la femme. C’est elle qui n’a pas su le séduire, le conquérir ou le garder.

Un sujet difficile, sinon impossible à aborder. Alors la plupart se disent, mais à quoi bon ? Salir sa réputation, celle de son mari et créer des soucis inutiles. « Surtout lorsque tout le monde vous félicite pour le beau couple que vous formez » soupire Assia.

La seule personne à qui il faut en parler c'est Monsieur. Ce n’est pas simple. Avec un peu de chance, il sera ouvert au dialogue. Le tout est de savoir choisir ses mots. Les spécialistes conseillent de bannir le TU. Au lieu, par exemple de dire « tu as un problème », préférez « J’ai envie que cela aille mieux entre nous ». Si Monsieur ressent qu’on lui rejette la faute ou qu’il va avoir des soucis, il risque de se refermer comme une huitre, ou pire, de devenir violent. Il faut le rassurer (oui, très difficile) et lui faire comprendre que ce secret ne sortira pas de la chambre à coucher.

Un sexologue peut également être d’une grande utilité. Seule, ou à deux, on peut le consulter pour mettre le doigt sur l’origine du problème. Des fois, c’est tellement simple que l’on n’y pense même pas. « Mon mari ne voulait plus me toucher, parce que quelque part dans sa tête, j’étais la source de nourriture de notre bébé », « Il allait perdre son boulot et avait peur de ne plus être l’homme de la maison » ou « Il avait peur de mal faire » sont des exemples d’après consultation.

La vie dans ces cas là est dure, mais essayez de ne pas révéler l’intimité de votre couple. Vos proches risquent de vous juger, de vouloir intervenir (de bonne foi) pour finalement aggraver les choses. Et n’oubliez pas, la thérapie conjugale n’est pas un luxe, elle a déjà sauvé bien des couples.

Source: MSN Maroc