Les nouveaux arrivants font parfois l’objet de propagande religieuse de la part de fonctionnaires québécois de l’immigration.

C’est le constat fait par Radia Kichou, résidente permanente d’origine algérienne, venue témoigner hier devant la commission parlementaire sur la charte des valeurs.

En sol québécois depuis 11 mois, la femme de confession musulmane dit avoir été victime de «prosélytisme» de la part de l’employé du ministère de l’Immigration qui donnait les cours d’intégration.

«Il s’est mis à indiquer les boucheries où on peut acheter de la viande halale», a dit Mme Kichou, membre du groupe féministe Pour le droit des femmes, favorable au projet de loi 60 sur la charte.

Elle soutient que l’homme d’origine maghrébine provoquait un malaise dans la salle, où bon nombre de gens n’étaient pas de confession musulmane. Mais ce qui a choqué Mme Kichou, qui n’est pas issue d’une famille religieuse et ne porte pas le foulard, c’est la réponse qu’il a donnée à une nouvelle arrivante portant le hijab qui s’interrogeait sur les coûts de certains services, comme la coiffeuse. «Il a dit: “Mais pourquoi vous avez besoin d’aller chez la coiffeuse, puisque vous êtes voilée?”.»

Vérifications

Au cabinet de la ministre Diane De Courcy, on a pris l’affaire au sérieux. Des vérifications seront faites auprès des agents concernés. «Si ces propos ont été prononcés par un représentant du ministère, cette situation est inacceptable», a-t-on dit au Journal.

Mme Kichou n’était toutefois pas au bout de ses peines. Elle a découvert que l’éducatrice de la garderie en milieu familial de sa fille utilisait un signal sonore programmé sur son ordinateur pour rappeler l’heure de la prière. «Les enfants étaient effrayés», se rappelle la femme de 34 ans, qui a retiré depuis son enfant de la garderie.

Selon elle, le port d’un signe religieux apparent par un représentant de l’État a de l’influence sur la perception des citoyens. Radia Kichou a précisé aux députés qu’elle suit un «régime alimentaire» pour lequel elle a rencontré un médecin. Celui-ci était accompagné d’une stagiaire portant le voile, ce qui a poussé Mme Kichou à ne pas donner l’heure juste sur sa consommation occasionnelle d’alcool, de peur de choquer la jeune femme musulmane.

Barreau du Québec

Par ailleurs, le Barreau du Québec, qui a rendu public hier son mémoire sur la charte péquiste, estime que le projet de charte ne passera pas le test des tribunaux. L’interdiction du port de signes religieux est «difficilement conciliable avec certaines libertés fondamentales protégées par la Charte québécoise et la Charte canadienne», soutient l’ordre professionnel.

Source: Journal de Quebec

 

Ecouter son interview sur le 98.5 FM avec Paul Arcand

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