Ils sont bardés de diplômes dans des domaines en forte demande. Ils ont été sélectionnés par le Québec pour leur scolarité supérieure, pour leur connaissance du français, pour leur « indice de fertilité » élevé et la liste est longue. Mais ils sont sans emploi : ce sont les immigrants venant d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie et à une moindre mesure Libye, Egypte et Soudan).
« L’argument religieux »
Les bonnes volontés québécoises, à l’image d’un chroniqueur d’un quotidien gratuit, demandent aux nouveaux arrivants de prendre leur mal en patience : vers 2011, les baby-boomers vont partir à la retraite et là les portes de l’emploi vont forcément s’ouvrir ! Entre temps, ce sont les centres d’appel qui restent les recruteurs numéros un ! Il n’est pas rare, pour ne pas dire commun, de trouver toute une section d’ingénieurs de l’université de Bab Ezzouar dans un centre d’appel à « apprendre » aux clients des fournisseurs d’accès à internet québécois à trouver le bouton « Démarrer » de windows. Ils sont confortés à longueur de journée à des clients qui en ont assez de ces immigrants qui ne parlent pas français (comprendre français québécois). D’autres préfèrent tenter leur chance dans d’autres provinces canadiennes. Walid M., un ex-ingénieur de Sonatrach, a passé 5 années à Montréal dont 3 à l’école polytechnique pour refaire son baccalauréat (l’équivalent d’une licence) en mécanique. Ne trouvant pas de travail au Québec et après plusieurs petits boulots dans les centres d’appel, il a plié bagage avec sa femme et ses deux garçons dont le plus jeune avait deux semaines, pour la province de l’Alberta. A Calgary, il affirme avoir trouvé un travail dans son domaine après deux mois. Moins chanceux, Malik B. était comptable à Alger dans une entreprise publique. Arrivé à Montréal, il y a deux ans, il a repris ses études mais vient de les abandonner. Il fait partie de ceux qu’on appelle BS (les bénéficiaires de l’aide sociale). Les adeptes de la théorie du complot affirment que ces statistiques vont apporter de l’eau au moulin de ceux qui pensent que les immigrants maghrébins ne peuvent pas s’intégrer à la société québécoise parce qu’ils sont tout simplement musulmans. Tout ceci pour justifier un frein à l’immigration maghrébine.
Source: http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=87283