Mon propos n’est pas d’épiloguer sur le sujet car tout ou presque a été dit sur le phénomène de la fuite des cerveaux Algériens à l’étranger vers des destinations plus « accueillantes ».

Mon propos n’est pas d’épiloguer sur le sujet car tout ou presque a été dit sur le phénomène de la fuite des cerveaux Algériens à l’étranger vers des destinations plus « accueillantes ».Cet exode de la matière grise n’est pas exclusif à l’Algérie mais concerne la majorité des pays en développement. Le pic a été atteint entre 1992 et 1996 ou plus de 40000 cadres supérieurs et chercheurs (source Cread) ont mis les voiles pour s’établir à l’étranger dont 3000 informaticiens. Sur les 10000 médecins de la seul région Parisienne 7000 sont Algériens.

Ce qui est préoccupant (le phénomène est très grave), c’est le risque assurément mortel que prennent les jeunes Algériens à la fleur de l’âge et de toutes les origines sociales ,pour rejoindre les cotes espagnoles et italiennes, première étape de « Eldorado » ou ils espèrent trouver une vie meilleure.

Dans les années 1980, le parti unique au pouvoir avait pour slogan : « Le travail et la rigueur pour une vie meilleure » .Champions de la dérision les Algériens ont répliqué : « Le travail à la rigueur pour une vie ailleurs ». La rupture était-elle déjà consommée?

Au Canada ou notre présence est récente, nous serions selon les statistiques 50000 âmes constitués en majorité d’universitaires et « ex » cadres supérieurs dont la moyenne d’âge est de 50 ans.

Environ 3000 Algériens continuent d’affluer légalement au Canada chaque année grossissant les rangs de la communauté au grand bonheur du pays d’accueil qui s’enrichit de compétences et accroit sa démographie sans investissement. Il s’agit majoritairement de jeunes couples avec enfants, francophones d’expression, diplômés et bien formés..

La lecture de ces chiffres donne à elle seule des frissons. Le cout de ces pertes est estimé à plus de 40 milliards de dollars US. En intégrant les avoirs détenus par des Algériens à l’étranger évalués à quelques 45 milliards de dollars US, on aura vite compris que notre pays se vide, s’appauvrit et projette un avenir des plus sombres pour les générations futures.

L’Algérie, n’exporte rien de plus que ses hydrocarbures, richesse non renouvelable dont les pétro- dollars servent à importer de la nourriture, des médicaments, des équipements et de l’armement. Sa matière grise que sont ses cadres fuient par milliers, ses capitaux en devises (la plus part issus de la corruption) font le bonheur des banques suisses et d’autres et phénomène nouveau, sa force de travail représentée par la jeunesse, traverse la méditerranée dans des embarcations de fortune au péril de sa vie. C’est image de malaise que renvoi ce pays de contraste.

L’argent fait –il le bonheur?

Dans beaucoup de pays du monde l’accès à plus de richesses matérielles par les individus leur procure la joie de vivre et le bien être. Aux États-Unis par exemple, le bonheur est inscrit dans la constitution. Le rêve Américain n’est pas un mythe mais une réalité. Riche ou pauvre, l’Américain est convaincu qu’il aura un jour sa chance et qu’il vivra une bonne vie tout en devenant une bonne personne.
L’Algérie est l’exception qui confirme cette règle qui dit : l’argent ne fait vraiment pas le bonheur. Riches ou pauvres les Algériens rêvent de construire leur vie et leur bonheur ailleurs.

Il ne se passe pas un jour sans que l’on rapporte l’interception ou le sauvetage par les services des gardes côtes, de jeunes désespérés, à bord d’embarcations de fortune en direction de l’Europe. Parmi eux des fonctionnaires, des commerçants, des universitaires, des chômeurs d’autres issus de familles aisées et fortunées .Quel est le dénominateur commun à ce patchwork ?

2007 est l’année de tous les records. Quelques 1600 candidats à l’émigration clandestine ont été appréhendés, rapatriés et souvent incarcérés. Tous jurent qu’ils n’abandonneront jamais leur projet et sitôt libérés ils recommenceront.
D’où puisent-ils cette énergie et cette conviction que labàs c’est mieux qu’ici ?
L’Algérie est-elle devenue ce pays ou le rêve est absent, ou tout le monde (riche ou pauvre) s’accorde au moins sur un point : Le pays est invivable.

Même La nomenklatura et les riches qui disposent de plus de moyens et de ressources achètent des résidences secondaires à l’étranger et y installent leurs progénitures car ils ne croient pas en ce pays qu’ils ont privatisé pour leurs intérêts.

Les déçus, les marginaux, les pauvres, les illettrés, les chômeurs, les universitaires leur emboitent le pas par tous moyens souvent illégaux pour réaliser comme eux le même « rêve » de l’aller simple vers d’autres destinations.

Ils seraient plus de 7000 illégaux en Italie et quelques 10000 en France et autant en Angleterre. Tous des jeunes entre 20 et 30 ans exerçant des jobinettes, préférant survivre dans la précarité et l’illégalité que de « souffrir » en Algérie.

Cet exode des compétences et des muscles inquiète-t-il les autorités politiques? Manifestement oui au regard des déclarations officielles. Tout le monde s’accorde pour considérer cette hémorragie et cette décérébration de très grave. Toutes les stratégies (souvent répressives) mises en place jusque là se sont avérées inopérantes et le pays offre chaque année des candidats au départ de plus en plus nombreux.

Qu’est ce qui fait fuir les Algériens ?

À l’inverse d’autres nationalités du sud du continent en proie à la pauvreté et aux guerres, les Algériens ne fuient pas leur pays pour des raisons économiques ou politiques. L’arrivée de Bouteflika aux affaires a ramené la paix. Le terrorisme est en nette régression, la dette est réduite à quelques 4 milliards de dollars US et le bas de laine explose avec 100 milliards de dollars US. Autre bénédiction, le pétrole pulvérise tous les records en dépassant 80 dollars US le baril alors qu’il est tenu compte de seulement 20 dollars US pour le calcul des prévisions de recettes et de la loi des finances.

L’argent coule donc à flot et ne trouve souvent pas preneurs, exception faite des malfrats qui détournent des milliards. Les projets foisonnent et les chantiers poussent comme des champignons. Les besoins en main d’œuvres sont énormes. Faute d’Algériens compétents, ce sont des ingénieurs et des ouvriers étrangers grassement payés qui pilotent les chantiers et les réalisent sous le regard indifférent des Algériens qui lorgnent de l’autre coté de la méditerranée en rêvant d’une vie ailleurs.

Savent-ils ce qui les attend ?

Questionnés, ces aventuriers des temps modernes répondent : « nous préférons être dévorés par des poissons, ou jetés en prison que de vivre ici». Il s’agit évidemment de déclarations à prendre avec le plus grand sérieux, car nous ne sommes pas trop loin de la conviction du kamikaze palestinien pour qui la vie ne représente plus rien et que mourir vaut plus que vivre ici.

Ceux qui restent au pays et ne projettent pas de s’exiler, attendent impatiemment l’été pour avoir « leur bouffée d’oxygène » et s’évader quelques jours en Tunisie ou le visa n’est pas obligatoire. Ils ont cette sensation de quitter une prison.
Plus d’un million ont traversé la frontière du pays voisin pour déambuler tranquillement dans les villes et bronzer sur les plages alors que l’Algérie dispose de 1240 kilomètres de cotes et de plages .À raison de 500 Euros par personne, la rente pour le tourisme tunisien serait de 500 millions d’Euros. Ce demi milliard d’Euros, dépensé en Algérie aurait crée des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.

Interrogés sur ce choix, tous ou presque sont unanimes pour vanter la quiétude et la sécurité régnant ailleurs et dénoncer l’incivisme, le manque d’hygiène et la « Mal vie » qu’ils subissent en Algérie l’année durant.

Qu’ils s’exilent ou qu’ils restent, les Algériens sont tous unanimes pour décrire leur pays comme « invivable » malgré les milliards et le pétrole. Que devraient-ils faire pour vivre dans la joie?
Les gouvernants ont –ils à charge d’inventer des recettes jusque là inexistantes et inédites pour donner le sourire et la joie de vivre à leurs administrés ou bien devraient-ils prendre la sage décision de rentrer chez eux car ils ont depuis 1962 (année de l’indépendance) lamentablement échoué pour faire basculer ce pays dans la modernité ?

Source: http://www.algeroweb.com