Un drame imprévu bouleverse le rêve d’un Algérien de 35 ans qui vit, depuis deux ans, à moitié paralysé, dans une résidence pour personnes âgées à Lachine.

Un drame imprévu bouleverse le rêve d’un Algérien de 35 ans qui vit, depuis deux ans, à moitié paralysé, dans une résidence pour personnes âgées à Lachine.

Djellid Abdelkrim n’est plus qu’une silhouette qui témoigne du drame qu’elle a subi lors d’un accident survenu le 24 janvier 2004 au niveau du boulevard Henri Bourassa et St Michel à Montréal. Il a été renversé par une voiture en traversant la rue. Depuis ce jour, la vie de l’Algérien a basculé dans le noir, il souffre d’un traumatisme crânien, ce qui lui a causé des troubles neurologiques sévères. Dans son malheur et en tant qu’étudiant, il n’a pas droit à l’indemnisation du fait que pendant l’accident il n’était pas assuré. Apres 45 jours passés dans le coma et six mois paralysé sur un lit de l’hôpital Sacré-Coeur de Montréal, il a des difficultés pour marcher et pour parler, son calvaire dure depuis 30 mois. Selon son avocat, Me Slimane Mostefai, «il présente aussi des troubles neurologiques importants et ne se souvient pas de grand-chose, ni de son passé ni de l’accident qui l’a handicapé». Etant malade, les rapports l’accablent et le privent de ses droits, sans qu’il puisse témoigner. M. Djellid n’est que l’ombre de lui-même et cela est d’autant plus désolant que l’intéressé effectuait en tant qu’ingénieur en aéronautique des recherches en maîtrise sur le développement de la navette spatiale.

Il survit grâce à des amis et aussi des inconnus qui ont formé autour de lui un groupe composé de plusieurs compatriotes. Les coûts d’hospitalisations sont importants et le gouvernement du Canada a tenté à maintes reprises de le renvoyer dans son pays, considérant que l’intéressé constitue un fardeau excessif pour le système de santé. Une demande de résidence permanente basée sur des considérations humanitaires a été transmise à Immigration Canada et aucune décision n’a été prise à ce jour.

Sa situation est inquiétante et sa santé se dégrade de jour en jour, d’autant plus que le gouvernement du Québec refuse malgré les prescriptions médicales des médecins de prendre en charge les coûts. «Il déprime parfois», selon son ami Kanane Lounès qui affirme «que le malade qui vit sans revenu a besoin d’une aide financière», et d’ajouter «après plusieurs appels, j’ai pu ramasser la somme de 4.000 $ en deux ans et demi».

La communauté algérienne se mobilise pour sa défense à travers les différentes associations qui ont décidé de médiatiser ce problème au plus haut niveau et envisagent de saisir les gouvernements concernés, québécois, canadien et algérien.

Abdelkrim ne reconnaîtra peut-être jamais sa mère âgée, malade et souffrante, il ne demande même pas après elle. Mais l’instinct trahit souvent la personne malade qui donne l’impression d’être enfoncée dans son malheur. Les mimes qu’il développe et les regards qu’il adresse souvent aux visiteurs sont interprétés par certains comme un appel de l’enfant à l’amour maternel pour le sortir de cet enfer. Mais que reste-t-il de sa mère qu’il n’a pas vue depuis 8 ans. Âgée de 70 ans, elle a déjà perdu deux être chers, son époux et son fils Mohamed. Le seul frère capable d’accueillir et de prendre en charge Abdelkrim n’est plus, il est décédé dans un accident de voiture en Kabylie.

Djellid Abdelkrim est originaire du village de Tirmitine (Maatkas département de Tizi Ouzou) Algérie. Il a passé cinq années en Ukraine où il a obtenu un diplôme d’ingénieur en aéronautique. Il est arrivé en 2002 au Canada pour préparer un doctorat en aéronautique à l’université de Laval à Québec.