La Ministre Gagnon s’est comportée d’une manière étonnante, pour ne pas dire en contradiction avec son poste et son expérience. Madame la Ministre au lieu de bien comprendre le sujet et d’engager un débat intelligent et positif, s’est basée sur un déjeuner organisé par la député libéral madame Fatima Pépin, qui a exposé sa notion de la Charia à certains députés de l’Assemblée nationale. Et dans ce déjeuner, si on se fie à ce qui a été rapporté par les médias, madame Pépin a expliqué la Charia et donner des exemples de pays comme l’Iran et l’Afghanistan pour appuyer ses dires.

En s’appuyant sur ces explications négatives de sa collègue, la Ministre Gagnon sans connaître réellement le sens de la Charia, a insulté un milliard et demi de musulmans et les citoyens musulmans de sa province. Madame Pépin, comme je l’ai dit il y a plusieurs années à Radio-Canada n’est pas une référence en Islam. Je ne comprends pas, quand l’Islam est l’enjeu, tout le monde s’improvise interlocuteur. La religion musulmane a ses références, et les gouvernements québécois et canadien connaissent certainement les références musulmanes crédibles dans le monde pour connaître vraiment ce qu’est la Charia. Madame la ministre a l’air de connaître le terme de la Charia sans connaître malheureusement le contenu.

Maintenant revenons au sujet comme tel. Les musulmans sont des citoyens à part entière de ce pays et de cette province et n’ont nullement l’intention d’avoir des tribunaux parallèles. La déclaration réactionnaire de la part d’une ministre qui a autant d’expérience, renforce les préjugés et met la communauté musulmane devant un dilemme proposé par notre chère ministre : Accepter sans rouspéter ou partir. En écoutant madame la Ministre me donner le choix entre accepter ses règles ou partir ailleurs, je me suis senti humilié et enragé. Je pense que pour être en politique, il faut savoir la faire et il faut connaître ses dossiers. Malheureusement, dans ce cas-ci, madame la Ministre ne l’avait pas du tout.

Pour ce qui est du dossier de la charia, alors, comme je l’ai mentionné dans un autre éditorial, les musulmans demandent juste leurs droits comme n'importe quelle communauté, ni plus ni moins. Vous parlez de quelle loi madame la Ministre? Est-ce que vous suivez à la lettre le code civil du Québec au sujet de l’héritage, ou vous faites un testament pour faire le partage comme vous le souhaitez? Est-ce que cela signifie pour autant que vous êtes contre le code civil du Québec?

Voyons madame la Ministre, si nos amis de la communauté juive ont leurs tribunaux d’arbitrage, de quel droit, vous refusez des tribunaux similaires à une communauté désireuse de vivre dans l’harmonie et le respect des droits. Les musulmans de ce pays qui ont subi psychologiquement tous les péchés du monde, les frasques de certains zélés et le silence complice, conscient ou inconscient de la classe politique, sont restés calmes et respectueux des lois. Leur demande ne met en cause ni les lois de la province ni la charte des droits.

J’attire votre attention madame la Ministre, que l’excision et le crime contre les femmes n’ont rien de musulman et je crois que vos références vous ont induite en erreur. Alors, au lieu de dénigrer indirectement une religion et susciter un débat négativement, il est plus approprié politiquement et honnêtement de bien faire ses devoirs. Malheureusement votre intervention a laissé un goût amer et inacceptable au sein de notre communauté qui ne cherche qu’à vivre en harmonie et avec les mêmes droits que toutes les autres communautés. A moins que ce qui est permis pour certains soit refusé pour nous? A vous de répondre à cette question madame la Ministre?



Source: http://www.algeroweb.com