C'est aujourd'hui, à Montréal, sous l'égide du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration (MRCI) que débute la deuxième édition de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles et qui s'étalera jusqu'au 10 octobre prochain, sous le thème «Un monde de dialogues». Cette occasion privilégiée permettra à plusieurs organismes et associations de communautés culturelles de mieux faire connaître la complexité du parcours migratoire de plusieurs communautés différentes et de souligner l'apport de ces dernières à l'essor du Québec. Pas seulement, estimant que «la connaissance de l'autre se veut un gage de relation harmonieuse», selon les déclarations de la ministre, Michelle Courchesne. Elle compte sur l'événement qui met à l'honneur la participation citoyenne pour dresser des ponts entre les Québécois de naissance et les nouveaux arrivants, avec pour objectif, de rendre leur intégration sociale et professionnelle moins difficile qu'elle ne l'est actuellement. Dans cette perspective, les organisateurs insisteront sur le caractère éducatif, social et culturel des activités qui cibleront des catégories sociales différentes, telles les femmes et les jeunes filles immigrantes, les artistes ou les étudiants. On prévoit, d'ailleurs, deux expositions d'œuvres d'art avec des artistes peintres et sculpteurs originaires du Maghreb et du Moyen-Orient. La première se fera sous le thème de l'art et de la paix et la deuxième sous le nom «Les arts, outils d'intégration» a lieu du 4 au 6 octobre dans le quartier Ahuntsic-Cartier-Ville. Deux visites simultanées des quartiers chinois et italien de Montréal seront également organisées et les Montréalais seront conviés à partager l'expérience d'intégration de plusieurs communautés : sikh, séfarade, japonaise, russophone, cambodgienne, libanaise, kurde, mexicaine, haïtienne, grecque et palestinienne, et à assister à de nombreuses démonstrations artistiques. Un exposé sur le parcours migratoire de la communauté algérienne, parrainé par La Fondation canado-algérienne du Québec est au programme le 9 octobre. Seulement, personne n'a pu nous renseigner sur la «mystérieuse association» qui en est probablement à sa première sortie publique. À noter que plusieurs associations algériennes font un travail social remarquable à Montréal et au Québec : le Centre culturel algérien en direction des nouveaux arrivants, Enfants d'Algérie dirige ses actions à l'endroit de l'enfance algérienne ; le Carrefour Culturel Sésame de Québec, quant à lui, travaille à faire rayonner le Maghreb et le monde arabe en plus de deux associations berbères : Tirrugza et le Centre amazigh de Montréal qui font connaître la culture et le patrimoine berbères. Il est dommage qu'on ne retrouve aucune de ces associations au programme des activités. Contrairement au Maroc qui a, lui, une représentativité à travers l'Association des étudiants marocains au Canada et qui organise une soirée dansante sur des rythmes marocains avec un défilé de mode de tenues traditionnelles marocaines. Cette soirée a bénéficié du soutien financier de différents partenaires : Royal Air Maroc, Office national marocain du tourisme, Fédération marocaine au Canada et le consulat général du royaume du Maroc. Notre pays n'a rien investi pour le rayonnement de notre communauté à cette deuxième édition de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles. Rappelons que par le passé et grâce à la disponibilité de notre ancien consul, actuellement en poste à Paris, l'Algérie avait participé à de nombreuses manifestations africaines, arabes et québécoises ayant eu lieu au Québec. Il semble que Abdelaziz Sbaâ, l'actuel consul, ne semble pas avoir la même disponibilité. Une projection du film Comme une odeur de menthe qui retrace la vie d'un Libanais chassé de son pays par la guerre civile sera diffusée en présence du réalisateur Pierre Sidaoui. Un autre film Je cherche Helen !, de la réalisatrice Eisha Marjara, est aussi au programme. L'œuvre s'intéresse aux difficultés d'intégration et à leurs effets sur la deuxième génération, en particulier sur les femmes immigrantes en provenance d'Asie du Sud. Si ces efforts de rapprochement du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration avec les communautés culturelles sont à encourager, d'aucuns s'étonnent du peu de ressources offertes par l'Etat aux organismes qui œuvrent en direction des nouveaux arrivants. Lorsque ces derniers s'installent au Québec, qu'ils soient francophones ou non, ils nécessitent des services particuliers, tels que l'accompagnement pour l'obtention des papiers d'immigration, l'installation matérielle, l'apprentissage du français, la connaissance de la société d'accueil est les démarches au marché du travail. C'est pourquoi les défis pour l'intégration des communautés culturelles d'origines diverses restent nombreux. «Depuis trois ans, alors que les niveaux d'immigration québécois ont augmenté de près de 25% (d'environ 30 000 à 40 000 personnes), le ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration (MRCI) n'a pratiquement pas vu croître ses budgets dédiés aux services d'accueil et d'intégration des nouveaux arrivants. Nous constatons ainsi une saturation généralisée des services offerts par les organismes communautaires d'accueil et d'établissement au Québec qui n'arrivent plus à répondre à la demande», déclarait, il y a un an déjà, la présidente de la table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes. L'autre défi qui n'est pas des moindres, c'est celui de faire converger des communautés très différentes vers une culture et des valeurs communes. C'est ce qui fait dire à un sénateur canadien : «Attendons de voir ce que deviendra le Canada dans 50 ans avant de parler de réussite du modèle canadien.»

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/10/05/cad_culture.htm